Le chiffre du jour | Véhicule électrique, un virage serré pour l'assurance !

Le chiffre du jour | Véhicule électrique, un virage serré pour l'assurance !

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
14 juin 2024 - 3 minutes

Vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène. Les ventes de véhicules électriques s’envolent littéralement ces dernières années, avec une croissance annuelle attendue de 30% d’ici 2030.

Cette tendance s’inscrit dans les objectifs gouvernementaux, notamment, qui sont clairs. L’Europe s’est en effet fixé l’horizon 2035 pour la fin de la vente des voitures neuves à moteur thermique, avec une transition complète vers les véhicules à zéro émission.

Les véhicules plus verts représentent donc un nouveau marché à enjeux pour les assureurs auto. Un ‘risque’ émergent qu’ils ont pour le moment bien du mal à adresser, mais qui sera aussi générateur d’opportunités à l’avenir.

Un nouveau rapport signé Swiss Re permet de faire le point sur la situation. Tout d’abord, côté opportunités, la transition vers le véhicule électrique représente un marché estimé à plus de 200 milliards de dollars d’ici 2030 (contre 51 milliards en 2022). C’est énorme, et les assureurs se trouvent idéalement positionnés dans l’écosystème.

Toutefois, ce virage soulève aussi de nouveaux défis en matière de risques à couvrir. L’électrique, c’est un risque émergent à part entière, et un sacré casse-tête pour l’assurer. Les professionnels du secteur doivent en effet partir d’une feuille blanche, ou presque, et c’est tout sauf évident.

Les comportements de conduite, les coûts de réparation et les caractéristiques mêmes des véhicules électriques impactent la rentabilité technique. Une étude menée aux États-Unis en 2022 a ainsi révélé que les coûts de réparation étaient en moyenne 26,6% plus élevés que pour les voitures thermiques. Un constat similaire en Allemagne (+30 à 35%) et au Royaume-Uni (+35%).

Plusieurs facteurs l’expliquent : concentration des composants à l’avant, nombreux équipements électroniques/radars qui alourdissent les factures, ou encore processus de réparation plus longs avec de nombreux réglages logiciels à effectuer.

En Chine, le taux d’accidents des véhicules électriques serait même près de deux fois supérieur à celui des thermiques, avec des comportements de conduite différents liés notamment aux accélérations plus franches.

Des ratios non maîtrisés

Sous pression, les assureurs se retrouvent contraints d’augmenter leurs tarifs. Au Royaume-Uni, la prime d’assurance moyenne pour un véhicule électrique a ainsi bondi à 1 700 dollars fin 2023. Soit près du double d’une voiture thermique classique selon Howden !

Mais c’est encore insuffisant. En effet, les ratios combinés des assureurs dépassaient encore les 100% pour ce segment l’an dernier.

Le chemin s’annonce ainsi long avant que l’assurance des véhicules électriques ne devienne réellement profitable. Pour autant, les assureurs ne peuvent freiner ou esquiver le sujet. Pour nombre de grands groupes, c’est tout simplement une ligne principale de leur activité qui est concernée.

Comment faire, dès lors ? Une collaboration renforcée avec les constructeurs, détenteurs de données sur l’utilisation et le comportement de conduite, semble une prochaine étape déterminante. Des startups et acteurs innovants, capables de sublimer cette data, auront aussi un rôle à jouer dans l’équation.

De nouvelles solutions, à la croisée des mondes automobile et assuranciel, devraient en tout cas venir structurer l’assurance auto de demain.

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