Les chiffres 2022 d'Alan à la loupe

Les chiffres 2022 d'Alan à la loupe

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
02 mai 2023 - 3 minutes

C’est un moment toujours attendu. Alan vient de dévoiler son rapport financier pour l’année 2022. Un document précieux, qui prend les allures de baromètre pour la sphère insurtech française, notamment si l’on se concentre sur le prisme B2C.

Alors, comment s’en est sortie notre licorne au cours d’un exercice particulièrement tumultueux pour tout l’écosystème ? On décrypte pour vous les principaux chiffres à retenir.

Commençons par le positif. Alan annonce une croissance intéressante, avec un chiffre d’affaires en progression notable de 80%. Dans le détail, le spécialiste de l’assurance santé a capté un volume de primes d’assurance atteignant 146,6 millions d’euros (dont 97% en France, les activités espagnoles et belges demeurant presque anecdotiques), contre 81 millions d’euros en 2021.

Une progression notamment due à l’augmentation de la base clients. L’insurtech en revendiquait en effet 375 000 fin 2022, soit une augmentation de près de 50% en un an.

Le rapport financier complet (59 pages) à télécharger

Autre métrique très importante : le résultat technique. 2022 a sonné le rappel aux fondamentaux dans l’insurtech, le marché demandant aujourd’hui aux acteurs de prouver leur capacité à faire de l’assurance de manière rentable.

Dans le sillage d’un portefeuille français qui a serré la vis après une année 2021 compliquée (crise sanitaire, 100% santé), Alan affiche une progression aussi de ce côté. Son résultat technique, s’il demeure négatif à – 15,2 millions d’euros, est bien meilleur que le précédent – un inquiétant – 51,8 millions d’euros en 2021.

Alan embauche et creuse ses pertes

Sans nous clouer par terre, Alan affiche donc une dynamique globalement positive et conforme aux attentes. Pour trouver trace des points un peu plus noirs, il faut avancer dans le rapport. A la page 23, on tombe enfin sur un chiffre qui nous intéresse : celui des pertes. Au total sur son activité, le groupe annonce ainsi une perte enregistrée de 72,4 millions d’euros. Et c’est plus qu’en 2021 (60,5 millions d’euros).

La direction justifie cette courbe à la baisse par des recrutements toujours importants (plus de 500 salariés dans l’entreprise aujourd’hui) et des investissements informatiques. Apparaissant comme souvent tendue sur ce sujet, elle a profité de ce rapport pour épingler la concurrence et réaffirmer son plan de bataille.

Nous constatons que ces pertes peuvent parfois être utilisées par nos concurrents comme un argument contre Alan. Pourtant il s’agit d’une stratégie éclairée et validée avec nos investisseurs qui nous donnent les moyens financiers, avec plus de 400 millions d’euros levés depuis la création du Groupe, pour pouvoir assurer plusieurs centaines de milliers de personnes en Europe.

Alan bénéficie en effet d’une solide marge de manœuvre, notamment grâce à sa levée de fonds mammouth du printemps dernier. L’entreprise dispose encore de 275,1 millions d’euros de liquidités en caisse et affiche un ratio de solvabilité confortable. L’objectif rentabilité à l’horizon 2025 demeure donc inchangé pour Jean-Charles Samuelian et son équipe. Mais c’est peut-être après que le plus dur commencera.