L’assurance est un univers sans limite, et c’est ce qui fait sa richesse. Armés de leurs outils statistiques et de leur ingéniosité, actuaires et professionnels du risque ne reculent devant aucun défi.
A l’occasion d’une conférence sur le thème : ‘Les corporates, moteurs du marché du M&A’, Aon et plusieurs de ses partenaires ont évoqué les subtilités de l’assurance des risques transactionnels. Une niche riche en opportunités, mais aussi en challenges, qui devrait intéresser les spécialistes de l’innovation, à l’heure où le marché des fusions-acquisitions reprend des couleurs.
Tout s’assure donc, et même le M&A ! Et c’est bon à savoir, alors que s’esquisse une dynamique positive actuellement. « Depuis le début de l’année, il y a une reprise, certes fragile, mais bien réelle, précise Pierre Drevillon, responsable France du M&A chez Citi. Empiriquement, on constate souvent ce schéma de rebond après deux années de creux. Les signaux nous permettent ainsi d’être raisonnablement optimistes pour 2024. »
On parle ici d’un marché gigantesque, estimé à quelques 3 000 milliards de dollars au niveau mondial. Dans le détail, les corporates portent ce nouveau momentum. Ils sont en effet responsables de 90% des volumes cumulés, contre environ 60% habituellement. Chahutés par le retournement de marché des derniers mois, les fonds de private equity se trouvent, en revanche, en net retrait.
L’environnement des taux, et la prudence générale face au contexte économique et géopolitique – avec les élections américaines dans le viseur, notamment – imposent la nécessité de pricer plus justement les actifs.
Ce n’est pas forcément simple. Cette démarche entraîne un allongement de la durée des process. On observe plus de préparation à tous les niveaux, et de subtilité dans la structuration des deals. Un retour à la normalité et aux fondamentaux, en somme, qui ouvre des opportunités pour les assureurs.
En quelques mois, on a basculé de 5% à 25% des deals corporates assurés en France. Un chiffre qui monte à 40% en Allemagne, et plus de 50% au Royaume-Uni et aux Nordics.
Olena Vlasyuk, Directrice M&A and Transaction Solutions chez Aon France
Le contexte se révèle donc particulièrement favorable pour ce marché de niche. Il attise d’ailleurs l’appétit des assureurs. Car même si une police sur cinq est activée, il demeure rentable et laisse une belle place à l’innovation et aux nouvelles idées. « Les assureurs sont très imaginatifs pour créer de nouveaux produits sur ce segment », confirme ainsi Olena Vlasyuk.
Pour bien assurer le M&A, ils doivent néanmoins tenir compte des évolutions dans les activités mêmes qu’ils doivent couvrir. Et sur ce point, beaucoup de choses ont bougé dernièrement, avec des tendances structurelles qui s’imposent. « L’IA et la digitalisation, le climat, la transition énergétique. Ce sont des thématiques robustes, qui vont durer », vient appuyer Pascal Bine, Partner chez Skadden.
Les implications sont majeures pour toutes les parties prenantes. En effet, elles doivent désormais intégrer à l’équation des sujets nouveaux, dont l’importance grandit. On parle ici de la technologie et de la data, de la cybersécurité, de l’ESG et de la compliance. Des enjeux forts qui changent inévitablement la façon de faire.
Les acteurs impliqués dans ces transactions doivent donc aussi être en mesure de coller à ces évolutions pour avancer. En développant des savoir-faire en interne, ou en regardant du côté de spécialistes qui peuvent les accompagner efficacement sur ces enjeux émergents.
Un impératif pour espérer se démarquer, et profiter d’un marché qui va continuer d’être porteur. Le M&A va en effet rester la principale porte de sortie, pour les entreprises qui en cherchent une, dans un futur proche.
