Atekka, Insurtech de l’année | Interview exclusive de son président Antoine Poupart

Atekka, Insurtech de l’année | Interview exclusive de son président Antoine Poupart

Nastasia Montel
Rédigé par Nastasia Montel
09 décembre 2021 - 5 minutes

Atekka révolutionne l’assurance agricole. La jeune pousse évolue à toute vitesse, avec un changement d’identité en septembre, puis le prix de l’Insurtech de l’année 2021. La néo-assurance propose aux agriculteurs, fournisseurs, coopératives et industriels agroalimentaires des produits innovants et sur-mesure, afin de les aider, notamment, à renforcer leur résilience face au changement climatique. Antoine Poupart, fondateur et président d’Atekka, nous a accordé un entretien.

Quel est votre parcours ? Et d’où vient votre intérêt pour l’agriculture ?

Je suis fils d’agriculteur. Ensuite, j’ai fait des études d’ingénieur agronome. J’ai passé les 15 dernières années au sein du groupe coopératif In Vivo. J’ai commencé par de la data analyse, je me suis occupé de développement durable, j’ai créé et dirigé la filiale de conseil interne et externe du groupe, et j’ai fait du marketing stratégique et de l’innovation. Le dernier sujet étant la création d’Atekka.

« Réconcilier les garanties et les assurés en revenant au plus près de leur réalité »

Comment vous expliquer le passage de l’agro à l’assurance ? La difficulté d’apprivoiser ce secteur ?

Les métiers agricoles en général sont des métiers qui ont en commun d’être de plus en plus exposés à des risques, entre autres climatiques mais pas que. On a une augmentation en fréquence et en intensité des risques spécifiques agricoles qui pèsent sur ces métiers. Chez In Vivo, en tant que coopérative agricole, on s’est retrouvés doublement impacté par ce sujet des risques agricoles. On voyait qu’il y avait un vrai problème en termes de bon niveau de couverture de leur activité agronomique, et puis indirectement, on subissait les répercussions de ces risques sur notre métier de coopérative.

On a donc eu la volonté de participer à la dynamisation du marché, d’augmenter le taux de couverture assurantielle des acteurs, et de développer de nouveaux produits qui n’étaient jusqu’à présent pas assurés ou pas assurables. On s’est rendu compte que la meilleure façon de le faire c’était de créer une activité en propre, car on avait dans les mains des cartes qui nous permettaient de franchir plusieurs barrières à l’entrée sur ce métier.

En effet, par nos différents métiers de coopérative agricole, on avait à disposition de la donnée ; donc on avait de quoi décrire un risque, le dimensionner et le tarifer, ce qui est une des grosses barrières à l’entrée quand on veut entrer dans l’assurance. On avait également un market access déjà en place, puisque les coopératives agricoles sont les acteurs économiques numéro 1 sur le territoire en lien direct avec les agriculteurs, et sont déjà leurs premiers fournisseurs et clients.

On avait de la donnée, un market access, et une expertise sectorielle qui nous semblait importante parce que les risques et les métiers évoluant, il y avait un écart de plus en plus significatif entre les polices d’assurance et la vraie vie des acteurs.

Il fallait donc réconcilier les garanties et les assurés en revenant au plus près de leur réalité. Il y a une vraie segmentation et diversification des productions agricoles qui n’étaient pas reflétées dans les polices standards.

Comment Atekka fonctionne concrètement?

On n’est pas assureur, mais on a deux agréments : mandataire d’assurance et courtier en assurance et réassurance.

Atekka intervient de A à Z, de la conception des produits qu’on co-construit avec des agriculteurs, des coopératives agricoles et des prescripteurs techniques.

Ensuite on distribue ces produits (pour l’assurance récolte, qui est le gros de l’activité) avec un système de contrat cadre et de contrat groupe qui sont portés par les coopératives agricoles auxquelles elles affilient les agriculteurs intéressés. Ensuite on gère les sinistres avec notre propre réseau d’experts indépendants.

« Accélérer sur le paramétrique, une ambition ! »

Atekka se revendique comme une assurance nouvelle génération, quelles sont ses spécificités techniques / technologiques ?

Chez Atekka, il nous a paru indispensable d’associer des innovations techniques et technologies pour assurer au mieux les métiers agricoles. En effet, nos garanties sont digitales, et personnalisables afin d’offrir une protection sur-mesure, au plus proche de chaque besoin.

On est capable d’adapter nos offres concernant le niveau de franchise, et en fonction de chaque mode de production agricole.

Tout va vite pour Atekka : quelles sont vos ambitions / objectifs pour 2022 ?

Tout d’abord nous prévoyons de doubler notre chiffre d’affaires, avec comme objectif 13 millions d’euros de primes. Ensuite, nous voulons diversifier notre portefeuille clients, et toucher notamment les fournisseurs et les clients des agriculteurs. Notre portefeuille produit également va se diversifier, puisque nous allons proposer de nouveaux produits IARD à destination des agriculteurs. Enfin, nous mettons tout en œuvre pour accélérer notre développement sur le segment de marché de l’assurance paramétrique, qui nous permet justement d’assurer nos clients rapidement, efficacement et sur-mesure.

Est-ce que vous pensez que l’assurance est une locomotive sur le sujet climatique? Et y a-t-il une prise de conscience suffisante aujourd’hui dans le secteur ?

Alors il y a en effet une prise de conscience importante dans le secteur. Les différents acteurs, comme l’État, le syndicalisme agricole, les filières agricoles et les assureurs travaillent actuellement main dans la main, de façon très engagée. Tous ont un objectif commun, qui est de dynamiser le marché pour doubler le taux d’équipement d’ici 2030.

L’assurance devient un bouclier incontournable pour toutes les exploitations agricoles, quelles que soient leur résilience, leur performance économique ou leur taille.