Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition décembre 2021

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition décembre 2021

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
08 décembre 2021 - 5 minutes

Tout va actuellement extrêmement très vite dans le microcosme de l’assurance ! Afin de suivre au plus près cette révolution, nous avons fait appel à l’œil de Florian Graillot et des experts d’Astorya. Nous sommes ainsi heureux de vous présenter la 2e édition de notre rendez-vous mensuel : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

« L’insurtech que de la hype ! »  « L’insurtech, ça ne marche pas ! » On l’entend souvent… mais place-t-on le curseur au bon endroit pour appréhender le phénomène ?

L’insurtech ne laisse pas insensible. Entre la multiplication rapide des startups et des levées de fonds qui explosent en 2021, plus personne ne peut ignorer le phénomène. Pour autant, ces nouveaux acteurs qui promettent de bousculer l’ordre établi ne font pas forcément l’unanimité. Entre partisans et opposants, on peut même dire que le débat est chaud en ce moment ! D’aucuns estiment, à l’instar d’Evan Greenberg, CEO de Chubb, ou Matteo Carbone, expert incontournable du secteur, que l’on en fait même trop.

Toutefois, si l’on se repose sur les chiffres bruts, ça commence à être sérieux. Ainsi, sur l’année 2020, Luko avait par exemple capté 80 000 clients en un an, contre 60 à 80 000 pour chaque membre du Top 3 des mutuelles françaises (MACIF, Maif et Matmut). Outre-Rhin, la pépite wefox a récemment annoncé avoir atteint la barre des 50M€ de revenus mensuels, et c’est tout sauf anecdotique ! Bien sûr, les assureurs historiques demeurent assis sur de solides fondations, mais la dynamique est clairement en faveur des jeunes pousses. Et autre point important : ces acteurs traditionnels seront, tôt ou tard, confrontés à l’inéluctable renouvellement de leur base clientèle. Alors, flow vs stock, quel est l’indicateur le plus important ?

Il y a nécessité de nuancer nos analyses pour tendre vers un juste milieu. Il ne va certainement pas y avoir une révolution de la distribution où l’on va passer sur du 95% digital ! Néanmoins, les usages évoluent, c’est une évidence. Et si 10 à 20% du business se fait dorénavant via le digital ou l’embedded en Europe, où le marché des primes représente 1 300 milliards d’euros, c’est bien suffisant pour voir éclore plusieurs entreprises rentables.

La question de la valorisation demeure néanmoins à préciser. L’insurtech n’a pas n’importe quel prix ! Et les déboires rencontrés par les Américaines entrées en Bourse récemment (Metromile, Root, Hippo…) prouvent que le marché s’interroge fortement également. Jusqu’à présent, elles étaient considérées comme des acteurs tech mais les innovations ne sont peut-être pas suffisamment disruptrices. Au final, nous sommes certainement plus proches d’assureurs qui utiliseraient très bien le digital pour adresser des pain points, à l’image d’Alan.

A l’heure où tout s’accélère dans une sphère insurtech dont les évolutions sont passionnantes à suivre, les mois à venir devraient encore nous fournir de précieux éléments pour affiner notre réflexion.

La startup du mois : Napo

Comme une impression de déjà-vu ! Napo vient en effet de se lancer sur un créneau qui a toujours la cote, celui des animaux de compagnie. Près de dix ans après Bought By Many, cette niche suscite encore des vocations, et c’est sur les terres même de la licorne britannique que Napo vient chasser. Pari complètement fou ? Peut-être pas, si l’on considère que les startups se débrouillent plutôt très bien sur ce créneau, ou si l’on se projette déjà dans une optique de rachat par un gros poisson style Lovys ou Lemonade qui pourrait s’intéresser au marché outre-Manche. Des consolidations sont en effet à envisager – Lovys a déjà mis la main sur Otherwise – alors que plusieurs spécialistes ont fait leur apparition dernièrement, à l’image de Dalma ou Kozoo en France.

Le « game changer » : Swiss Re et Baidu, duo de choc autour de la voiture autonome

Chaque jour passant, le transport à bord d’un véhicule autonome s’éloigne de l’utopie. Les avancées sont fulgurantes, et il faut déjà réfléchir à la manière d’assurer ces engins qui, demain, envahiront nos routes. C’est le sens du rapprochement récemment annoncé entre Swiss Re et Baidu. Cette alliance inédite, entre un réassureur et un géant de la tech, ouvre la voie à un modèle avant-gardiste : celui d’un écosystème bâti autour de la data, duquel seront tout simplement exclus les assureurs traditionnels ! La course à l’assurance de la voiture autonome qui se dessine pourrait d’ailleurs, à plus d’un égard, cristalliser des évolutions amenées à modifier de manière structurelle la chaîne de valeur dans le secteur.

En savoir plus dans notre article : « Swiss Re et Baidu : deux géants pour assurer les voitures autonomes »

Les principales levées du mois dernier en Europe

Leocare (98M€) : L’insurtech rennaise a frappé un gros, très gros coup avec sa deuxième levée de 2021 ! En attirant à la table des investisseurs renommés, Leocare se donne les moyens d’une ambition qui bascule dans une dimension européenne. Et si l’approche technologique de la startup n’est pas révolutionnaire, son positionnement « mobile first » et  « all in one » se révèle particulièrement intéressant et différenciant. Les prochains mois risquent d’être animés en Bretagne !

Collective Benefits (8,6M€) : Voici une startup à fort potentiel, qui a choisi d’investir le secteur porteur de la « gig economy ». Lancée l’an passé, Collective Benefits annonce déjà 250 000 clients et une présence sur 20 marchés, dont Israël et le Japon. La startup londonienne propose des assurances et des avantages telles que des indemnités maladie ou une couverture accident aux indépendants.

Nimbla (6M€) : Vérifier la solvabilité des payeurs et garantir les factures impayées, voici la promesse de Nimbla. La jeune insurtech anglaise a élaboré une plateforme digitale qui permet de gérer des réclamations en quelques secondes. Grâce aux API, elle peut embarquer sa solution dans l’offre des banques, fintechs ou autres acteurs B2B. Elle collabore notamment avec la Barclays pour fournir des couvertures aux petites entreprises.

Continuity (5M€) : L’insurtech parisienne a conçu une solution basée sur l’IA pour aider les assureurs à prendre de meilleures décisions lors des demandes de souscription ou de renouvellement des contrats d’assurance pour les professionnels, TPE et PME. 10 à 15 % des contrats ne correspondent en effet pas au profil de risque d’une PME. La jeune pousse compte déjà parmi ses clients des noms bien connus dans le secteur, à l’image d’AXA ou Hiscox France. Elle a déjà traité plus de 500 000 contrats et a permis de générer plusieurs millions d’euros de primes supplémentaires pour ses partenaires.