Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition juin 2023

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition juin 2023

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
08 juin 2023 - 6 minutes

Ça bouge dans le microcosme de l’assurance ! Et l’innovation aux multiples visages est encore au cœur des enjeux en 2023. Afin d’analyser les tendances de fond, nous faisons appel à l’œil de Florian Graillot et aux experts d’Astorya pour vous concocter un contenu désormais incontournable : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

Changement de braquet ! De nombreuses insurtechs cherchent actuellement à étoffer leurs équipes avec des profils assurance à des postes clés. La maîtrise des fondamentaux devient une priorité stratégique pour performer sur les produits et, in fine, tendre vers la rentabilité.

Florian Graillot

On vous avait déjà parlé de la valse des CEO dans l’insurtech allemande. Ou du récent changement à la tête de l’Américaine Oscar, avec un accueil favorable du marché à la clé. La tendance de la sphère insurtech à se tourner vers des profils plus « assurance » se confirme aujourd’hui. De nombreuses startups sont en effet en quête d’experts pour les accompagner, notamment sur le volet actuariat / souscription.

Les offres d’emploi fleurissent sur les réseaux. Zego, Luko, Indeez, Corvus… Tous sont – ou étaient – récemment en recherche de la perle rare. Skyline Partners adopte aussi cette logique, par exemple. L’insurtech britannique a recours aux services de Christophe Neves, figure bien connue du secteur en France, pour l’épauler dans son déploiement européen.

Rien d’étonnant à cela. L’assurance, et on l’a déjà dit, c’est tout sauf de la magie ! Il faut des connaissances précises, de l’expérience et du savoir-faire pour élaborer des produits compétitifs. Une évidence pourtant longtemps oubliée.

A l’époque, pas si éloignée, où l’argent coulait à flots, le paradigme était il est vrai différent. Focalisées sur la croissance à tout prix, de nombreuses insurtechs ont priorisé l’acquisition. Avec comme piliers les millions investis dans les campagnes marketing et des tarifs inférieurs à la concurrence pour se démarquer. Ces stratégies n’ont toutefois, sans véritable surprise, pas débouché sur des business models pérennes.

Aujourd’hui, le marché sanctionne très durement les acteurs ayant emprunté cette route. On observe déjà des faillites et il devient urgent pour ceux restant en course de démontrer leur capacité à faire de l’assurance de manière rentable.

Avoir un Monsieur ou une Madame assurance dans son équipe s’impose ainsi comme un incontournable du moment. Déjà, pour mieux structurer l’offre et acculturer l’interne. Mais aussi afin d’avoir un individu capable de rassurer les partenaires – assureurs, réassureurs, investisseurs – et d’aller chercher plus facilement des capacités dans un moment tendu. Alors que de nombreuses startups jouent une partie serrée, les experts retrouvent leurs lettres de noblesse !

La startup à suivre : Skyline Partners

Face au changement climatique, il n’y a plus à tergiverser. Le secteur de l’assurance doit imaginer de nouvelles solutions. C’est urgent et une partie de la réponse passera inévitablement par l’innovation et la technologie. 2023 semble donc un moment propice pour voir le paramétrique décoller, et Skyline Partners l’a bien identifié.

L’insurtech britannique vient de dévoiler son ambition européenne. On l’a mentionné plus haut dans ce baromètre, elle a misé sur Christophe Neves pour l’accompagner, et la France semble donc stratégique dans son plan d’action. Le moment paraît opportun pour passer la vitesse supérieure même s’il reste un plafond à craquer.

En effet, à l’exception notable de Descartes Underwriting, aucune insurtech européenne spécialiste du sujet n’a encore explosé. Elles sont toutes pour le moment valorisées à moins de 100M$ selon les évaluations fournies par La French Tech avec une vingtaine de salariés à bord. On pense ici aux Floodflash, Previsico, Wetterheld ou Atekka, entre autres.

Alors que la réflexion s’oriente vers une approche prenant davantage en compte le collectif, le recours à la data et une plus grande mutualisation des risques, les insurtechs ont indéniablement une belle carte à jouer. Et c’est particulièrement le cas de Skyline Partners, capable de se démultiplier sur la chaîne de valeur, dont nous suivrons les avancées sur le Vieux Continent avec la plus grande attention.

Le « game changer » : adieu assurance habitation, bonjour assurance climatique ?

On pouvait s’attendre à ce type d’annonce, mais elle secoue toutefois sévèrement quand elle devient officielle. Fin mai, State Farm a annoncé se retirer du jeu de l’assurance habitation pour particuliers en Californie. Avec l’explosion des événements climatiques extrêmes, et notamment les feux de forêt, le modèle économique ne tient plus. Et c’est ici tout simplement l’assureur n°1 sur ce segment qui fuit l’État.

L’onde de choc risque d’avoir des répercussions désastreuses. En 2005, State Farm avait déjà quitté la Floride, embarquant dans son sillage plusieurs autres grosses compagnies d’assurance. L’amorce d’une situation catastrophique dont les conséquences ont été payées au prix fort par la population après le passage de l’ouragan Ian à l’automne dernier.

Globalement, le système assurantiel est au bord de la rupture, voire s’effondre, dans plusieurs États américains. Et la situation ne va pas s’arranger. Dans ce contexte, une réflexion de fond s’impose. Mais par où commencer ? Plusieurs pistes s’offrent aux assureurs :

  • il semble important, dans un premier temps, de bien expliquer le risque réel et le vrai coût. La prévention passe aussi par l’éducation !
  • explorer les possibilités liées au paramétrique. Non pas pour remplacer le modèle traditionnel, mais pour le compléter, le soulager en mutualisant le risque et gagner en efficacité opérationnelle.
  • enfin, envisager le risque comme un nouveau risque, tout simplement. Les modèles actuariels classiques ne tiennent plus et il faut complètement revoir l’approche, de la modélisation à la souscription, en passant par le portage de risque et la gestion de sinistre.

En d’autres termes, un changement de paradigme devient crucial. Demain, l’assurance habitation que l’on connaît pourrait devenir complètement obsolète. Il sera alors temps de parler d’assurance climatique.

Une nouvelle ère qui imposera une nécessaire redéfinition des rôles, et fournira certainement des opportunités aux insurtechs pour sublimer cette nouvelle chaîne de valeur. La récente initiative d’Hippo, qui vient de lancer un cat bond, est à ce titre un exemple qui interpelle.

Les principales levées du mois dernier en Europe

La sphère insurtech européenne a repris un peu de poil de la bête en mai ! Au total, six deals recensés pour un total de 123 millions d’euros – mais, cette fois, aucune opération en France.

wefox joue une nouvelle fois les locomotives, avec une opération qui soulève néanmoins quelques questions. Le joyau allemand annonce un deal hybride de 102 millions d’euros. Il comprend l’extension de sa Série D, déjà annoncée en début d’année. Celle-ci est complétée par une ligne de crédit accordée par des banques bien connues. Un financement à neuf chiffres au final, certes, mais attention à bien lire entre les lignes.

Mitiga émerge à la deuxième place avec une très jolie levée de 13 millions d’euros. La startup espagnole est spécialiste de l’IA et de la modélisation climatique, des sujets porteurs du moment, vous l’avez compris ! Barkibu, autre insurtech ibérique, nichée elle sur la pet insurance, a aimanté 4,5 millions d’euros. Voici deux opérations qui confirment le dynamisme de l’écosystème espagnol, clairement la 4e force continentale aujourd’hui.

Enfin, on complète le classement avec Penzilla. La jeune pousse allemande a annoncé un deal de 2,5 millions d’euros pour s’attaquer au sujet de la retraite, un enjeu également brûlant outre-Rhin.

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