Tout va actuellement extrêmement très vite dans le microcosme de l’assurance, et le rythme s’accélère encore en 2022 ! Afin de suivre au plus près cette révolution, nous avons fait appel à l’œil de Florian Graillot et des experts d’Astorya. Nous sommes ainsi heureux de vous présenter la 12e édition de notre rendez-vous mensuel : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »
Les corporates européens regardent l’Asie depuis longtemps mais restent cantonnés au statut d’observateurs passifs. Et si c’était finalement le modèle asiatique qui venait s’imposer chez nous ?
La puissance des BATX, l’empire Ping An, la tech avant-gardiste de ZhongAn, les licornes indiennes… Les charmes des sirènes de l’Asie suscitent admiration et envie dans nos contrées depuis quelques années. Il faut dire que la révolution sur le côté santé / assurance fut incroyable de célérité : de rien, ces acteurs sont passés à en avance sur nous ! Forcément, ça interpelle et les corporates regardent cet horizon avec intérêt.
Toutefois, un constat demeure : ils ont pour le moment été incapables de répliquer ces modèles. Il n’y a rien de surprenant à cela. En effet, pour la Chine et l’Inde, notamment, on ne parle pas des mêmes marchés, que ce soit en taille, évidemment, mais aussi au niveau des aspects réglementaires. Les modèles de sociétés ne sont pas non plus les mêmes. Dans ces circonstances, il devient logiquement très compliqué de se projeter vers une super app façon WeChat, par exemple.
Il paraît donc important de se poser aujourd’hui les bonnes questions. L’Asie est-elle un bon benchmark ? Que peut-on apprendre d’elle ? Y a-t-il tant à apprendre ? Et si, finalement, ce n’était pas l’Asie qui allait venir à nous ? A l’été 2021, Adrien Lebegue, alors General Manager de ZA Tech à Hong Kong, dévoilait un premier indice à l’occasion d’une édition du Club Assurance & Digital de l’ACSEL.
On commence à nous tourner vers l’Europe avec les yeux grands ouverts, en essayant de bien comprendre la logique des écosystèmes dans cette zone avant de passer la vitesse supérieure.
Depuis, Adrien, après onze ans passés en Asie, est revenu s’installer en Europe pour « piloter le développement de l’entreprise dans la région ». L’annonce d’une forte accélération du dragon à venir ? Dans le même temps, la pépite singapourienne de l’embedded bolttech a racheté i-surance, une insurtech suisse. Et quand on connaît l’ambition internationale de la licorne, qui vient d’annoncer sa Serie B, ce n’est certainement pas pour simplement s’amuser. On peut aussi penser à The CareVoice, insurtech de Shanghai fondée par le Français Sébastien Gaudin, qui nous confiait récemment vouloir investir le marché européen.
Autant de signaux forts qui doivent nous conduire à peut-être revoir notre prisme, et suivre de près les avancées des acteurs asiatiques, cette fois sur le Vieux Continent, au cours des mois à venir.
A l’ère digitale, le commerce est devenu ultra-dépendant de la tech. C’est tout particulièrement le cas pour les professionnels du commerce en ligne, les fameux e-commerçants. Une coupure de courant impromptue, une panne internet… et ce sont potentiellement des milliers d’euros – et de clients ! – envolés en seulement quelques minutes.
Juanmi Lopez a bien identifié ce risque qui concerne aujourd’hui des centaines de milliers d’individus. L’entrepreneur de Malaga vient ainsi de lancer son insurtech : Cober. Il propose notamment une offre d’assurance paramétrique pour couvrir les interruptions temporaires de services. Une bénédiction pour les spécialistes du e-commerce !
Et ce n’est pas tout. Cober, surfant sur la vague de l’embedded, propose également à ses clients d’intégrer simplement et en quelques clics des solutions d’assurance dans leurs parcours. Voici donc une pépite pleine de potentiel, qui confirme au passage la dynamique de l’Espagne, plus que jamais la 4e force de l’insurtech en Europe.
Amazon et l’assurance, nouvel épisode ! Fin octobre, l’ogre de Jeff Bezos a surpris son monde en lançant un comparateur outre-Manche. Sur le fond, peut-être rien d’extraordinaire… mais sur la forme, par contre, on est sur ce qui se rapproche le plus d’une expérience d’achat d’assurance sur Amazon telle qu’on aurait pu l’imaginer.
Alors, est-on face aux prémices du game changer depuis longtemps attendu ou bien n’est-ce encore qu’un feu de paille ? On a posé la question à notre audience.
Si cette initiative ne fait pas l’unanimité, ils sont toutefois peu à vouloir l’enterrer tout de suite. Amazon possède la tech et le savoir-faire en matière d’expérience client pour disrupter bien des secteurs. L’assurance, si elle demeure épargnée pour le moment, n’est pas à l’abri. Il sera en tout cas très intéressant de suivre les prochains mouvements de la firme sur un secteur qu’elle est loin d’avoir abandonné.
Pour moi, c’est un simple comparateur qui ne fait guère mieux que ceux que l’on connaît bien. Pour aller plus loin, il faudrait par exemple intégrer une assurance habitation dans Amazon Prime. Ainsi, non seulement j’ai la livraison express, la Ligue 1, et en plus de l’assurance dans un super abonnement ! Ils ont fait fort en intégrant de la musique, de la vidéo, du sport. Il y a 3 ans, personne ne les aurait attendus sur la Ligue 1. Prime, c’est une machine de guerre !
Francis Mahut, Dirigeant et cofondateur d’Eficiens
Cocorico ! La France a été à l’honneur dans l’insurtech européenne au mois d’octobre. En effet, l’Hexagone a enregistré 6 des 7 deals répertoriés sur la période, pour un total de 31 millions d’euros.
En tête, on retrouve Neat et Qantev. Neat, spécialiste de l’embedded, a tout simplement réalisé une levée en seed record dans l’histoire de l’assurance embarquée en captant 10 millions d’euros ! Positionnée sur un secteur porteur, la jeune pousse fondée par Fabien Cazes et Maximilien Dauzet, que nous avons récemment interviewés, se donne les moyens de ses ambitions.
Quant à Qantev, c’est aussi un deal à 10 millions d’euros, qui va lui permettre de poursuivre le développement de sa plateforme d’intelligence artificielle destinée aux assureurs santé.
Evy, autre jeune startup positionnée sur le créneau embedded, complète le podium avec, elle aussi, une première levée assez impressionnante de 6,5 millions d’euros. On conclut enfin notre tour d’horizon avec Olino, un nom à retenir. La jeune insurtech a levé 2,2 millions d’euros pour déployer son offre d’assurance… embarquée, encore une fois, ciblée sur les entreprises.
