L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition septembre 2023

L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition septembre 2023

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
31 août 2023 - 7 minutes

Ça bouge dans le microcosme de l’assurance ! Et l’innovation aux multiples visages est encore au cœur des enjeux en 2023. Afin d’analyser les tendances de fond, nous faisons appel à l’œil de Florian Graillot et aux experts d’Astorya pour vous concocter un contenu désormais incontournable : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

👀 L’œil du VC Florian Graillot

Les précurseurs de l’insurtech remettent le couvert ! Parmi les équipes fondatrices des nouvelles startups, on identifie en effet des profils qui connaissent bien l’écosystème pour y avoir fait leurs gammes. Leur positionnement et leurs choix stratégiques laissent d’ailleurs penser que des leçons ont été tirées.

Florian Graillot

Baisse généralisée des investissements et startups bien connues dans le dur. De l’extérieur, les raccourcis menant à la conclusion d’une sphère insurtech sur le déclin sont faciles. Cependant, d’autres signaux doivent nous interpeller. Dans son dernier rapport trimestriel, Gallagher Re pointe, notamment, le basculement vers des opérations de financement plus frugales, mais aussi plus ciblées et sélectives.

En somme, vendre une promesse technologique ne suffit plus. Le marché valorise dorénavant les startups capables de générer du business concret pour elles et leurs partenaires. Et pour bien avoir compris cette transition, qui de mieux placés que les pionniers de l’écosystème ?

On identifie ainsi de plus en plus de projets novateurs portés par des « anciens » de l’insurtech. Quelques exemples :

  • Rashmi Melgiri : en 2015, elle cofonde CoverWallet, insurtech spécialisée dans les produits d’assurance pour PME. Elle cède sa startup à AON en 2020 et mûrit dans l’ombre une nouvelle initiative. Au cœur de l’été 2023, elle dévoile le lancement de Functional Finance. Il s’agit cette fois d’un enabler tech, qui s’attaque à la brique paiement, largement délaissée dans le secteur. Un move emblématique à bien des égards.
  • Johannes Becher : à l’origine de Getsurance, il cherche en 2016 à digitaliser un produit encore poussiéreux et souvent difficile à placer : la prévoyance. Il opte pour une approche D2C mais son insurtech peine à décoller. Il quitte le navire en 2021 mais revient à la charge dès l’année suivante avec Embea. Le produit, toujours le même, la prévoyance, mais cette fois avec une approche de distribution en embedded. Switch révélateur !
  • Maximilien Dauzet et Fabien Cazes : nous avons aussi en France un excellent exemple de bascule vers un nouveau type de projet dans l’insurtech. Respectivement anciens de Seyna et Lovys, Maximilien et Fabien ont décidé de faire route commune sur le chemin prometteur de l’assurance embarquée. Ils ont ainsi fondé Neat, pépite ayant aimanté 10 millions d’euros en seed et qui s’est déjà fait un joli nom dans le paysage hexagonal.

On peut interpréter cette tendance comme une marque de maturité dans le secteur. Le modèle originel – mono-produit, B2C, soutenu par une et même plusieurs grosses levées – semble avoir fait son temps. L’écosystème a assimilé certaines leçons et se projette dans un cycle plus vertueux.

Les difficultés rencontrées par certains pionniers – on pense notamment aux vagues de licenciements des derniers mois – devraient en outre rejeter sur le marché de nombreux talents bien formés aux spécificités du milieu. De jolis projets devraient donc continuer d’émerger dans les mois à venir, pour soutenir une vague insurtech 2.0 qui ne fait que prendre forme.

🧐 La startup à suivre : Zego refait – enfin ! – parler d’elle

La communication chez Zego est parfois quelque peu déroutante. Particulièrement discrète ces derniers mois, l’insurtech britannique vient de subitement se réveiller en plein milieu de l’été. Le CEO Sten Saar a pris la parole sur LinkedIn. Il a alors fait le point sur un nouveau projet : l’internalisation de la gestion de sinistres au sein de l’entreprise.

Après avoir été l’une des premières insurtechs à basculer en mode full-stack, remontant ainsi la chaîne de valeur, elle la descend cette fois pour devenir également claims manager. Grâce à la data et la technologie, une équipe de 40 personnes est actuellement en train de bâtir un service entièrement dédié à la brique gestion de sinistre. Avec la perspective d’améliorer l’expérience client, de réduire la fraude… mais surtout de rogner sur les coûts à terme !

Première startup de l’écosystème d’outre-Manche à accéder au rang de licorne avec une valorisation de 1,1 milliard d’euros en 2021, Zego avance sur un chemin aujourd’hui bien plus sinueux. L’an passé, l’entreprise avait eu recours à des licenciements massifs, se séparant de plus de 20% de ses effectifs.

On en sait finalement peu. Toutefois, la rareté des annonces et les difficultés entrevues dernièrement nous laissent penser que la dynamique est loin d’être exceptionnelle. Et qu’elle n’est sans doute, comme d’autres, plus une licorne depuis un moment.

Cette initiative autour de la gestion de sinistres peut être interprétée de différentes manières. Doit-elle être entrevue comme une action défensive ? Ou au contraire Sten Saar prépare-t-il le terrain pour des annonces de plus grande portée ? Nous suivrons les prochains mouvements de l’un des fleurons de l’insurtech britannique avec la plus grande attention !

🌀 Le « game changer » : la voiture autonome bientôt au cœur de nos villes ? De vrais enjeux côté assurance !

La voiture autonome est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs années. Révolution inéluctable ou mythe destiné à rester cantonné aux livres de science-fiction, le débat est parfois virulent entre les partisans ce chaque théorie. Mais il y a les discussions, et les faits. Et de l’autre côté de l’Atlantique, au cœur de l’été, un cap vient d’être franchi.

Début août, le régulateur californien a en effet pris une décision de toute première importance. Il a en effet voté l’autorisation de la commercialisation sans restriction des robotaxis proposés par Waymo et Cruise. Les sociétés appartenant respectivement à Google et General Motors, qui ont investi des millions de dollars en R&D, ont reçu à ce moment l’autorisation de déployer leurs véhicules 24h/24 et 7j/7 dans les rues de San Francisco.

Autre point important : les utilisateurs ont répondu présent ! Ainsi, les téléchargements des apps des deux fournisseurs ont explosé dans les jours suivant le vote. Si tout n’est pas encore parfait, on vient toutefois d’assister à une avancée décisive. Pour les assureurs, la question ne doit désormais plus être : « est-ce que cela va arriver ? » mais plutôt « quand vais-je devoir développer des produits adaptés ? »

Cette décision des autorités californiennes intervient alors que la mobilité semble à un tournant majeur de son histoire. Les nouveaux usages, mais surtout les nouveaux véhicules, se démocratisent à vive allure. On pense évidemment à la voiture électrique qui prend les allures de puissant game-changer à elle seule. Le véhicule autonome pourrait prendre sa roue plus vite qu’il n’y paraît.

A l’horizon 2040, il serait illusoire d’imaginer une mobilité semblable à celle d’aujourd’hui. Pour le monde de l’assurance, la réflexion doit s’enclencher. Un retard à l’allumage pourrait en effet se révéler dramatique pour les acteurs du secteur qui s’obstineraient à refuser les changements qui s’opèrent sous leurs yeux.

💰 Les principales levées du mois dernier en Europe

L’été a vu le réveil spectaculaire de l’insurtech britannique. Alors que l’activité était en berne depuis le début d’année, Tractable a remis les pendules à l’heure avec une levée massive de 58 millions d’euros. Cette Série E vient confirmer toute la pertinence du positionnement de la pépite, sur le segment de la gestion de sinistres boostée à l’IA, qui s’impose comme un must have pour les assureurs aujourd’hui.

En deuxième position, on trouve un nouveau très beau deal avec Qover. La pépite belge est parvenue à aimanter 28 millions d’euros afin de se développer sur le créneau embedded en B2B2C. Cette somme va permettre à l’insurtech, qui enchaîne les partenariats dernièrement, de continuer à tisser une toile impressionnante sur le continent européen.

Derrière, deux startups allemandes s’invitent dans le Top 4. A commencer par une autre spécialiste de l’assurance embarquée, Hepster, qui a capté 10 millions d’euros. Quant à SureIn, qui imagine des produits sur-mesure pour les petites entreprises, elle a réalisé un très joli tour de seed de 4 millions d’euros.

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