Le chiffre du jour | 2023, retour sur terre pour l'insurtech

Le chiffre du jour | 2023, retour sur terre pour l'insurtech

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
22 décembre 2023 - 4 minutes

La fin d’année approche et, avec elle, l’heure des traditionnels bilans. L’Observatoire de la fintech vient d’ailleurs d’ailleurs de dévoiler sa très attendue « Année de la fintech« . Ce document dense nous offre un éclairage, à travers des chiffres clés et des analyses expertes, sur le secteur en France.

Point intéressant, le rapport propose des analyses segmentées par verticales. On a donc droit à un focus insurtech particulièrement intéressant. Comment envisager l’activité autour des levées de fonds en 2023 ? Quelles sont les tendances fortes ? Combien de personnes le secteur emploie-t-il ? Et qu’attendre pour l’année prochaine ? Toutes les réponses dans notre synthèse.

Premier enseignement à retenir de ce bilan, 2023 a confirmé une tendance de fond déjà entrevue en fin d’année dernière. Après l’euphorie post-Covid, l’écosystème fintech est revenu sur terre. En France, les startups ont levé un total de 1,1 milliard d’euros, soit une baisse de 57% en un an.

L’insurtech s’inscrit également dans cette dynamique. La chute est même plus brutale. Ainsi, au moment de sa réalisation, l’étude comptabilisait 15 levées de fonds pour un total de 97 millions € aimantés par les spécialistes françaises. A titre de comparaison, la barre des 600 millions € avait été franchie en 2021 et 2022, avec respectivement 21 et 29 opérations répertoriées.

Dans un contexte notamment marqué par l’inflation et l’incertitude géopolitique, les investisseurs se sont montrés bien plus précautionneux. Exit les méga-deals à neuf chiffres, donc, qui ont fait place à des tours plus raisonnables, et sans doute davantage en adéquation avec la valeur et les besoins des startups.

Et si la France a vu le ticket moyen tomber à 7 millions €, on aurait tort de vouloir signer la fin de l’insurtech. A bien y regarder, on constate que la courbe rattrape simplement la dynamique de 2020.

Fin de 2023, le bassin de l’emploi total dans l’insurtech en France englobe environ 32 000 personnes. Soit une augmentation de 38% en un an. Et de solides projets, ciblés sur le B2B ou des verticales précises, continuent d’attirer les financements.

On pense en particulier à la pépite Akur8, qui a aimanté 23 millions € pour supporter une ambition mondiale. A Stoïk et Dattak, qui ont chacune opéré une nouvelle levée de plus de 10 millions € sur le segment cyber. Ou encore à Garantme (15M€) et Orus (11M€) sur les segments immobilier et embedded. Et c’est sans mentionner toutes les autres bonnes idées ayant également capté des fonds.

Des leçons à retenir pour bien aborder 2024

2023 a donc été un cru particulièrement mouvementé, mais aussi riche en leçon. Le retournement de marché, qui a précipité la chute de Luko, invite en particulier à la réflexion sur les modèles B2C. Toutefois, plutôt que de condamner ces startups, réfléchissons plutôt à leur valeur ajoutée véritable.

L’avenir des sociétés B2C passera par une diversification sur des produits rentables, la prévention et la data. Pour faire un parallèle, c’est le virage pris par un Lemonade avec des résultats encourageants.

Alexandre Rispal, Cofondateur d’Insurtech France, consultant et operating partner assurance

Pour mettre en place une approche plus efficace et rationnelle, les startups ont des solutions. Premièrement, se reposer sur le savoir-faire des experts. Les dirigeants issus du sérail sont d’ailleurs de retour aux affaires dans l’insurtech.

Un point essentiel pour espérer tendre vers la rentabilité technique et, in fine, convaincre les investisseurs. « L’équipe est plus que jamais au centre des critères de choix. La compétence assurance est de nouveau recherchée », poursuit Alexandre Rispal.

La capacité à innover devient également déterminante. L’ère de l’insurtech 2.0 est ouverte. Et les pépites qui feront la différence seront indéniablement celles qui sauront sublimer les nouvelles technologies (IA générative, open insurance) au service de besoins très précis (climat, cyber, assurance pour les pros, pet insurance, enabling, etc.).

En 2024, il faudra donc aux insurtechs savoir se réinventer et jouer serré. Mais gardons néanmoins en tête que la transformation de l’assurance est en marche, et que l’on ne reviendra pas en arrière. Plus que jamais, les startups ont donc un rôle clé à jouer. Les opportunités de les voir grandir et prendre de l’importance seront nombreuses !

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