Climat x Assurance. Voici un sujet aujourd’hui devenu complètement incontournable, et pour cause. Guère besoin de vous faire un dessin. Côté changement climatique, la situation ne s’arrange pas. Les oracles tirent la sonnette d’alarme et les publications scientifiques viennent appuyer une inquiétude qui grandit de manière exponentielle. Avec une question de fond : le système assurantiel peut-il encore tenir le choc, tout simplement ?
On a tous en tête la fameuse citation de l’ancien patron d’AXA. Mais que met-on exactement derrière le « impossible à assurer » ? Quelles sont les conséquences, concrètes, tangibles, sur le terrain ? Des exemples commencent à venir illustrer cette réalité qui prend forme sous nos yeux. Le Washington Post vient ainsi de dévoiler une enquête édifiante sur l’après ouragan Ian en Floride. Et cette histoire, ultra documentée, fait froid dans le dos.
Quelques éléments de contexte, tout d’abord. L’ouragan Ian, qui a frappé le Sud-Est des États-Unis en septembre dernier avec des vents à 240 km/h, a occasionné des dégâts historiques. Une facture estimée à près de 113 milliards de dollars selon Swiss Re, un record mondial sur l’année 2022, et le pire événement climatique sur le sol américain depuis le tristement célèbre Katrina. Parmi ces dégâts, 50 à 65 milliards étaient assurés. C’est ici que commencent les problèmes.
La Floride, État principalement concerné, subit depuis longtemps les frappes régulières des terribles hurricanes. Les tempêtes de 2005 avaient déjà conduit plusieurs grands assureurs nationaux, dont State Farm, à se retirer du jeu. Ce faisant, plusieurs assureurs locaux y ont vu une opportunité et se sont jetés sur le gâteau. Problème : ils n’ont évidemment pas les mêmes capacités que les grands assureurs, et quand survient un événement comme Ian, ils deviennent incapables de rembourser.
La machine infernale se met dès lors en branle. Les journalistes du Washington Post font la lumière sur un système généralisé de manipulation, au grand détriment des assurés. On parle ici notamment de rapports d’expertise révisés dans les grandes largeurs (jusqu’à 97% du total des indemnités !), de pression quasi systématique mise sur les experts et de délais interminables dans les procédures. Le tout engendrant imbroglios en pagaille, arrivée des avocats dans la bataille et drames humains en bout de chaîne. Ou quand le vieux fantôme de ‘l’assureur voleur’ refait brutalement apparition dans le paysage !
Si l’on doit retenir une chose de cet article au long cours, c’est que le système est au bord de l’implosion en Floride. Quelques chiffres pour enfoncer le clou :
S’assurer risque donc, dans certaines zones, de devenir un luxe qui ne garantira en outre même plus d’être efficacement protégé. On vous partageait, l’an dernier, un autre contenu extrêmement parlant sur la situation en Australie. A terme, chaque région du globe pourrait être concernée. Face à un risque dont la nature systémique se confirme, l’assurance traditionnelle confirme son impuissance.
Tout espoir est-il déjà perdu ? Le contexte ambiant n’invite pas à l’optimisme, évidemment. Néanmoins, le secteur de l’assurance n’abdique pas et travaille pour trouver des solutions. On pense, en premier lieu, au paramétrique.
Ce modèle ne viendra pas tout résoudre par magie, mais il apparaît comme un comme un complément essentiel pour aider à combler des gaps de plus en plus énormes. Et remettre un peu de transparence dans le système ! En effet, le mécanisme trigger et le recours à la data résolvent instantanément tous les différends liés à l’indemnisation. Les initiatives autour de l’assurance paramétrique se multiplient en tout cas dernièrement et cette tendance devrait, on le sent, se confirmer dans les mois à venir.
De manière générale, le secteur se doit d’accélérer dans la quête de solutions basées sur la technologie. Les exemples qui tendent à confirmer la faillite d’un modèle face à un risque devenant incontrôlable s’accumulent dangereusement. Il n’y a désormais plus à réfléchir : sur le sujet climatique, le salut de l’assurance passera inévitablement par l’innovation. C’est aujourd’hui une évidence.
Le paramétrique prend son envol – Rencontre exclusive avec Tanguy Touffut de Descartes Underwriting