Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition janvier 2023

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition janvier 2023

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
13 janvier 2023 - 6 minutes

Ça bouge dans le microcosme de l’assurance ! Et l’innovation aux multiples visages est encore au cœur des enjeux en 2023. Afin d’analyser les tendances de fond, nous faisons appel à l’œil de Florian Graillot et aux experts d’Astorya pour vous concocter un contenu désormais incontournable : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

Assurance effervescence janvier 2023

L’œil du VC Florian Graillot

2022, l’année du début de la fin pour l’insurtech ? Gare aux mauvaises interprétations ! Car si le secteur a clairement été secoué, il y aussi bien des choses qui augurent de lendemains prometteurs.

L’insurtech a connu des turbulences en 2022. C’est même un doux euphémisme pour certaines structures. Entre les pépites américaines ayant vu leur valorisation en Bourse s’effondrer, les insurtechs qui ont dû recourir à l’option licenciements et celles contraintes de revoir leurs ambitions à la baisse côté financement, l’écosystème a indéniablement traversé une tempête.

Ces difficultés ont nourri le pessimisme de certaines publications ou l’argumentaire des détracteurs. De là à envisager le début de la fin, il n’y a qu’un pas… Pour autant, il semble important de s’arrêter un moment et de bien regarder les deux faces d’une même pièce. Car, si évidemment il ne faut pas fermer les yeux, il s’est aussi passé des choses positives dans l’insurtech au cours des derniers mois !

Prenons en premier lieu l’historique des levées de fonds. On l’a déjà évoqué, le total de 2,5 milliards € levés par les insurtechs européennes en 2021, fruit d’une euphorie générale, était sans doute décorrélé de la réalité. Le bilan de 2022 ? 1,5 milliard € aimantés, ce qui est tout sauf ridicule ! On reprend la dynamique d’avant-Covid et c’est par exemple quasiment deux fois plus de fonds captés par rapport au millésime 2019.

Autre métrique intéressante, le nombre de deals. On a en dénombré 101 sur un an, soit un nouveau record (91 en 2022) ! La répartition de ces opérations, tant sur le spectre de la chaîne de valeur – 25% sur la partie produits, avec la traction du cyber – que des zones géographiques – avec l’émergence de nouvelles terres d’innovation pour concurrencer le trio France – Royaume-Uni – Allemagne –, vient conforter l’impression d’un phénomène insurtech qui, finalement, prend de l’ampleur.

Répartition des levées de fonds dans l’insurtech européenne sur la chaîne de valeur.

Enfin, il est à noter que près de la moitié de ces levées de fonds ont consisté en des pre-seed ou seed à moins de 3 millions €. La relève semble donc assurée, et c’est parmi ces jeunes pousses que l’on trouvera les licornes de demain. L’insurtech est ainsi loin d’avoir dit son dernier mot et son futur s’annonce enthousiasmant, à plus d’un égard !

La startup du mois : Qivio

Les nouvelles mobilités se démocratisent… et c’est une autoroute qui s’ouvre devant les assureurs ! Plusieurs insurtechs ont d’ailleurs bien identifié l’opportunité. Ce mois-ci, on vous parle de Qivio. La jeune pousse française s’attaque à une niche dans la niche, en adressant – dans un premier temps du moins – les deux-roues motorisés.

Son autre objectif consiste à favoriser la transition vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement. L’insurtech imagine ainsi des produits dans l’air du temps, avec un focus clair sur l’électrique. Retenue dans la dernière promotion du Future 40 de Station F, Qivio avance avec ambition et détermination, prouvant qu’il y a encore bien des choses à faire côté B2C dans l’innovation produit !

Le « game changer » : définitivement inassurable ou opportunité business, que faire avec le risque cyber ?

A chaque rentrée de janvier sa nouvelle bombe. Il y a un an, Olivier Wild, président de l’AMRAE, évoquait un marché de la cyber-assurance qui ‘n’existerait peut-être plus l’année prochaine‘. Fin 2022, c’est Mario Greco qui a secoué l’écosystème en déclarant que le risque cyber allait tout simplement devenir ‘inassurable‘. Et si le DG de Zurich parlait ici de la dimension systémique de la chose, sa sortie a clairement fait du bruit dans le secteur, ramenant sur le devant de la scène des questions fondamentales.

Nul besoin de rappeler l’ampleur d’un problème devenu une sérieuse épine dans le pied des assureurs. Le risque cyber est en effet relativement neuf, d’où d’énormes carences côté data historiques. Par ailleurs, il semble enrobé d’un voile d’opacité, tant dans l’événement déclencheur que dans l’impact financier. Impression confirmée, par exemple, par le manque de communication de France Assureurs sur le sujet. A l’inverse, la fédération se montre toujours très réactive pour communiquer autour des incendies ou des inondations, événements bien plus aisés à analyser et quantifier.

Le risque cyber représente donc tout ce que détestent les assureurs… mais ceux-ci doivent néanmoins réfléchir à des solutions. Et c’est là où une mobilisation collective de l’écosystème fait sens. A commencer par l’implication des insurtechs. Ces dernières, en mettant en place des solutions hybrides, avec plusieurs briques (prévention, cybersécurité, assurance) semblent les mieux placées pour récolter un maximum de données sur ce qu’il se passe actuellement.

La valorisation de Coalition à 5 milliards de dollars ou les deals réalisés en Europe par Stoïk, Dattak ou Eye Security, montrent que le secteur mise beaucoup sur elles. En parallèle, des initiatives originales émergent. On pense à la cyber-mutuelle belge MIRIS ou au lancement du premier cyber bond de l’histoire par Beazley. La réponse à la menace cyber doit être plurielle. Pour, au final, devenir une sérieuse opportunité business dans un futur proche ? Swiss Re ne dit par exemple par le contraire !

Les principales levées du mois dernier en Europe

Malgré la période des fêtes, il y a eu de l’activité dans l’insurtech européenne en décembre. Au total, 6 deals répertoriés pour un montant total de 33 millions d’euros.

En tête, on trouve, avec le seul deal à deux chiffres de la période, l’Anglaise Bondaval. La spécialiste du risque crédit, cofondée par l’ancien capitaine de l’équipe nationale de rugby à VII, a transformé l’essai avec une levée de 15 millions d’euros. Sur le même segment, en France cette fois, Cartan Trade capte 8 millions d’euros. Cette niche semble donc porteuse, et ce n’est pas vraiment une surprise dans un contexte de tension économique.

Aux Pays-Bas, Alicia annonce la couleur avec une opération de 7 millions d’euros pour révolutionner l’assurance des indépendants. Avec de l’embedded comme ingrédient magique ! Enfin, une autre startup britannique, Intelligent AI, spécialiste de l’intelligence artificielle comme son nom l’indique, conclut notre sélection avec sa levée de 2,3 millions d’euros.