Ça bouge dans le microcosme de l’assurance ! Et l’innovation aux multiples visages est encore au cœur des enjeux en 2023. Afin d’analyser les tendances de fond, nous faisons appel à l’œil de Florian Graillot et aux experts d’Astorya pour vous concocter un contenu désormais incontournable : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »
Y a-t-il encore des raisons de s’enthousiasmer pour l’insurtech ? C’est LA question qui revient inévitablement dans mes discussions avec l’écosystème actuellement.
Malgré le contexte difficile, les perspectives demeurent intéressantes. Et je dirais même que le secteur de l’assurance aura un besoin crucial, sinon vital, des acteurs innovants pour adresser les défis à venir.
Florian Graillot
L’humeur est morose dans le monde des startups. Gel des investissements, licenciements en masse, disparitions prématurées. En France, le crash de Luko a généré une onde de choc qui a secoué pas mal de certitudes. Si bien que l’on en vient à questionner la pertinence de l’insurtech, en général. Rassurez-vous, elle est loin d’avoir dit son dernier mot et les opportunités restent évidentes.
Il ne faut donc pas se tromper dans la lecture du contexte actuel. Surtout, il convient d’éviter toute analyse envisageant l’insurtech comme un bloc monolithique. Les pionnières américaines opérant sur un mode full-stack actuellement chahutées en Bourse, comme certaines structures focalisées uniquement sur du B2C, n’ont pas les mêmes problématiques que d’autres acteurs moins connus de l’écosystème, notamment les enablers.
Les insurtechs B2B captent d’ailleurs 50% des fonds levés en 2023 et sont majoritaires dans le classement Forward50 de Sønr et Insuretech Connect. La dynamique est donc clairement positive de ce côté et confirme qu’il y a encore bien des choses à bâtir avec les assureurs. Retenons 3 points à creuser :
En envisageant la situation sous cet angle, avec davantage de granularité et de finesse, on se rend bien compte du monde des possibles qui reste d’actualité. Engagé dans une révolution technologique d’ampleur, notre monde ne fera pas machine arrière sur le digital. Dans cet univers, l’assurance aura donc forcément besoin de la tech, et de ceux qui la maîtrisent, pour continuer à prospérer et avancer.
Grâce à la technologie, l’assurance voyage n’est définitivement plus celle que l’on a connue. Un retard de vol ? Avec des insurtechs comme Moonshot, Koala ou Blink Parametric, le client peut désormais obtenir un remboursement en temps réel. Mais que se passe-t-il si ses vacances au soleil sont gâchées par un temps capricieux au cœur de l’été ? Et bien, des solutions commencent à voir le jour pour adresser ce risque.
On vous avait déjà parlé de Sensible Weather dans nos colonnes. L’insurtech américaine avait d’ailleurs réalisé une solide levée de 12 millions de dollars l’an passé. Sa cousine européenne est en train de se lancer, depuis l’Allemagne : iwagny Holiday weather insurance.
La startup originaire de Düsseldorf base son approche sur le paramétrique. La promesse : un déclenchement de la couverture instantané si le paramètre défini en amont est dépassé (par exemple le niveau de pluviométrie) et un remboursement sans avoir à opérer quelconque déclaration de sinistre. Une proposition de valeur qui a toutes les chances de séduire en B2C.
L’insurtech opère encore sous le radar. Elle était toutefois présente lors du dernier VivaTech et devrait progressivement sortir du bois dans les mois à venir. On vous en reparle dès que l’on a plus de précisions !
A peine née, déjà – presque – enterrée ! Lancée à l’été 2021 par une dizaine de grands assureurs, puis passée à près de 30 membres, la Net-Zero Insurance Alliance est aujourd’hui quasiment une coquille vide. La défection soudaine d’un des fondateurs, le puissant Munich Re, fin mars, a entraîné dans la foulée une cohorte de départs.
Une trop grosse exposition au risque, des enjeux et pressions politiques, la difficulté de s’accorder sur une ligne commune ont tour à tour été évoqués par les « déserteurs ». Alors, l’assurance se détournerait-elle du sort de notre planète ? Garce aux conclusions hâtives ! A l’instar de feu l’initiative B3i autour de la blockchain, il est toujours dur de faire cohabiter différents assureurs aux intérêts pas toujours alignés. Ce qui ne signifie toutefois pas qu’ils ne sont pas concernés ou vont délaisser le sujet, loin de là.
AXA vient d’ailleurs, dans la foulée de son retrait, d’annoncer de nouveaux objectifs pour 2030. Au menu, une volonté affichée de décarbonisation côté portefeuille d’investissement et clients, professionnels comme particuliers. Et l’on peut s’attendre à voir d’autres grands noms dévoiler leur stratégie dans les semaines ou mois à venir. En première ligne face au changement climatique, ils ne peuvent tout simplement pas rester attentistes.
Dans cette optique, ces grands groupes pourraient s’appuyer sur des insurtechs innovantes. On peut notamment citer Claims Carbon, dont le nom apparaît d’ailleurs dans un récent rapport d’Allianz. Mais aussi la Britannique Kita ou l’Américaine Oka qui ont récemment fait parler d’elles à travers des levées de fonds. Et c’est sans compter sur l’écosystème plus large de la climate tech qui continue d’aimanter des capitaux actuellement. Encore une fois, une partie de la solution au défi climatique passera inévitablement par l’innovation.
Sur la lancée du mois de mai, l’insurtech européenne a maintenu le rythme ! Au total, six nouveaux deals recensés pour un total de 53 millions d’euros, et une opération en France, celle de Santexpat, avec une jolie Série A de 3 millions d’euros.
La bonne surprise est venue de Thinskurance. Discrète depuis son arrivée en France, l’insurtech allemande est parvenue à aimanter 22 millions d’euros pour développer sa plateforme qui fluidifie les processus pour les distributeurs d’assurance.
Derrière, Insify a annoncé une extension de sa Série A, avec 10 millions d’euros supplémentaires. L’insurtech néerlandaise, qui adresse le marché des professionnels et indépendants, se donne clairement les moyens de se faire une place au soleil sur le marché français. Même somme captée par Life5. L’ancienne Getlife change de nom et confirme au passage sa volonté de s’imposer dans nos contrées.
Enfin, on complète le classement avec Bdeo. La pépite espagnole lève 7,5 millions d’euros pour poursuivre son expansion internationale et vient ajouter sa pierre à la dynamique d’une sphère insurtech espagnole qui prend chaque mois un peu plus d’ampleur !