Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition avril 2022

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition avril 2022

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
07 avril 2022 - 5 minutes

Tout va actuellement extrêmement très vite dans le microcosme de l’assurance, et le rythme s’accélère encore en cette première partie d’année ! Afin de suivre au plus près cette révolution, nous avons fait appel à l’œil de Florian Graillot et des experts d’Astorya. Nous sommes ainsi heureux de vous présenter la 6e édition de notre rendez-vous mensuel : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

Un printemps décisif ? Pour plusieurs insurtechs dont on attend l’annonce d’une levée de fonds, le Q2 prend des allures de « money time ». Les mois à venir vont être riches en enseignements sur l’état du marché !

Déjà trois mois écoulés en 2022, et l’heure est donc à un premier bilan. De légitimes questions se posaient, dans un marché tendu, après un cru 2021 exceptionnel. Le premier trimestre se révèle néanmoins très encourageant. En effet, les insurtechs européennes ont levé un total de 354M€ à travers 30 deals (dont ceux de Descartes Underwriting et Seyna côté français), des chiffres meilleurs qu’il y a un an à la même époque (291M€ via 20 opérations).

Une mise en perspective est cependant nécessaire, et une interrogation demeure : s’agit-il ici de la queue de la comète – à savoir que beaucoup de ces levées de fonds ont été enclenchées voire signées fin 2021 – ou le marché de l’insurtech fait-il preuve de résilience ? Car un sujet brûle les lèvres dans l’univers du VC depuis le début de l’année, celui du potentiel impact sur l’écosystème de la faillite actuelle des pépites américaines en Bourse.

On peut légitimement penser que l’onde de choc a d’ores et déjà fait son effet. Plusieurs acteurs européens, qui nous avaient habitué à une régularité d’horloger dans le timing de leurs levées, sont aujourd’hui en retard sur leur tableau de marche. La diversification récente des approches des Alan, Seyna ou Luko, interpelle également. Pour ces insurtechs, déjà parvenues à un stade de maturité élevé, le printemps prend à bien des égards les allures de « money time ». Dans ce contexte incertain, une chose est sûre : le Q2 s’annonce passionnant et va nous apporter de précieux enseignements !

La startup du mois : Naftilus

Après Hellas Direct, que nous vous présentions il y a quelque temps, nous vous ramenons en Grèce. Cette fois, c’est pour vous parler d’une jeune pousse qui se lance tout juste sur le marché : Naftilus. Basée à Athènes, l’insurtech va proposer des solutions de micro-assurance, en misant notamment sur le modèle embarqué, avec la volonté de générer un impact positif sur la société.

Concrètement, Naftilus est un MGA qui élabore des solutions dans l’air du temps. Les ingrédients clés ? Digital, lifestyle, social. L’entreprise cherchera en particulier à soutenir des individus aux revenus modestes, des acteurs de la gig economy ou des petites entreprises, qui peuvent connaître des difficultés pour s’assurer. Fondée par Alexis Kotsalos, qui travaille depuis près de vingt ans dans le secteur, Naftilus, va ainsi mettre la technologie au service d’une belle et noble ambition, et pourrait bien s’imposer comme rapidement incontournable dans sa région.

Le « game changer » : la course à la rentabilité est-elle lancée ?

C’est assurément l’une des informations qu’il ne fallait pas manquer en mars. +Simple a en effet annoncé une importante opération de financement de 90 millions d’euros, qui dénote avec les levées de fonds habituelles. En effet, l’insurtech d’Eric Mignot a précisé avoir majoritairement eu recours à la dette en plus d’accueillir la participation d’un fonds de private equity. Son secret tient en un mot : la rentabilité, qu’elle a atteint fin 2021.

A une époque encore pas si lointaine, cette fameuse rentabilité ne se situait pas forcément au cœur des préoccupations. Il était en effet aisé d’enchaîner les levées, et la promesse d’une sortie rapide en Bourse suffisait bien souvent à convaincre les investisseurs. Devant un marché très tendu et le crash de nombreuses startups en Bourse outre-Atlantique, les mécènes se montrent aujourd’hui bien plus frileux. Plusieurs services de livraison de courses à domicile en font actuellement les frais. Et il serait utopique d’imaginer l’insurtech échapper à la vague.

A plus d’un égard, atteindre le stade de la rentabilité représente donc la prochaine étape, nécessaire, pour les insurtechs matures. Lorsque Alan et Seyna se positionnent sur le « as-a-service », ou lorsque Luko multiplie soudainement les rachats et partenariats, ils livrent aussi un message. Ils élargissent leurs horizons au-delà d’un modèle de vente en directe qui atteint ses limites, et retravaillent aussi leur storytelling afin de séduire de potentiels investisseurs. Gardez les yeux bien ouverts, une nouvelle page est peut-être en train de s’ouvrir dans l’histoire de l’insurtech !

Les principales levées du mois dernier en Europe

Les mois se suivent et se ressemblent en Allemagne. Au programme, une activité faible, peu de deals, mais des opérations majeures qui permettent encore et toujours au pays de sortir du lot ! Cette fois, c’est Xempus qui tient le haut du pavé. La startup munichoise a, en effet, capté 63 millions d’euros pour changer de dimension. Pour rappel, Xempus propose une plateforme SaaS permettant de faciliter la vente et la gestion des pensions de retraite et des assurances vie.

Au Nord du continent, Insurely s’est également fait remarquer à la faveur d’une levée de 19 millions d’euros. L’intrigante insurtech suédoise, qui veut libérer le pouvoir de l’Open Insurance, a annoncé vouloir poser ses valises prochainement en France. A suivre de très près ! Enfin, les Anglaises DeadHappy (15M€), qui veut casser les codes de l’assurance vie, et Loadsure (10M€), spécialisée dans le transport, ont également gagné les faveurs des investisseurs.