Depuis son lancement en 2019, le palmarès French Tech Next40/120 s’est imposé comme un baromètre incontournable de l’innovation à la française. Il est aussi un levier important pour les startups les plus ambitieuses. Chaque année, les 120 élues bénéficient en effet d’un programme d’accompagnement de l’État pour voir encore plus grand.
Les places sont chères, et d’autant plus dans un environnement de marché qui contribue à redistribuer les cartes. Les difficultés des unes, couplées à un réajustement des critères – il ne suffit plus de lever un maximum de fonds pour intégrer la liste -, ont débouché sur un sérieux chamboulement. Ainsi, on note 34 nouveaux entrants dans la promotion 2024, dont 11 au sein du Next40.
L’an passé, cinq insurtechs avaient tiré leur épingle du jeu. Alors, sont-elles parvenues à conserver leur place ?
Mettons d’emblée fin au suspense. La réponse est oui ! Elles étaient cinq dans le palmarès en 2023, et elles maintiennent toutes leur rang. A commencer par nos licornes, Alan et Shift Technology, qui restent solidement ancrées dans le Next40. Une satisfaction, et un soulagement, sachant qu’elles ont dû, comme toutes les startups, composer avec le retournement de marché entrevu depuis deux ans.
Nous avons d’ailleurs pu échanger à ce sujet avec Eric Sibony, présent lors de VivaTech. Le cofondateur de Shift a évoqué des ajustements stratégiques nécessaires pour maintenir le cap, qui ont porté leurs fruits. L’entreprise demeure sur une dynamique de croissance positive, continue de se structurer à l’international et n’est dépendante d’aucune levée de fonds, un point très important en ce moment.
Ce discours vient étayer l’analyse que nous vous proposions dans notre dernier baromètre de l’innovation sur le sujet des licornes de l’insurtech. L’article mettait notamment en avant le fait que nos spécimens français s’en sortaient mieux que la moyenne.
Comme Shift, Alan colle à son plan de bataille. L’objectif rentabilité est toujours d’actualité pour 2026. En attendant, la spécialiste de l’assurance santé enfonce de nouvelles portes, en gagnant des appels d’offre sur le terrain de la Fonction publique d’État. Des victoires confirmant un changement de statut, avec la perspective d’entrer dans une nouvelle dimension. De quoi lui permettre d’envisager conserver sa place encore un bon moment parmi l’élite des startups hexagonales.
Trois autres insurtechs bien connues intègrent aussi la liste élargie en 2024. A commencer par Descartes Underwriting. La petite reine du paramétrique poursuit un développement modèle. Son positionnement sur le sujet des risques émergents – climat et désormais cyber – laissent en outre augurer d’un avenir radieux, à l’heure où le secteur de l’assurance a plus que jamais besoin d’innovation sur ces sujets.
Seyna, de son côté, affiche également une dynamique intéressante avec son modèle hybride, entre portage de risque et solutions tech à destination des courtiers. + 55% de croissance en un an, de la traction sur toutes les verticales et un déploiement engagé hors des frontières : les signaux sont au vert.
Quant à Leocare, elle continue de livrer une belle bataille pour se démarquer sur le créneau B2C, là où Luko s’est cassé les dents. L’insurtech bretonne annonce 52 millions d’euros de primes et travaille aussi son modèle de distribution, en se diversifiant auprès des courtiers. Elle élabore également des produits dans l’air du temps à travers une UX soignée. Et va toujours plus loin dans l’engagement pour se démarquer, elle qui a notamment obtenu la certification B Corp en début d’année.
Mention spéciale enfin à Ornikar. L’entreprise, qui a clairement accéléré sur l’assurance depuis deux ans, garde aussi sa place dans la liste des 120. Pas une insurtech à part entière, elle symbolise toutefois bien une tendance. Celle qui voit les frontières s’effacer progressivement entre les différentes catégorisations.
