L'IA au service du risk management : du concret et des chiffres fous !

L'IA au service du risk management : du concret et des chiffres fous !

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
05 avril 2024 - 4 minutes

10 000 heures gagnées par mois pour un client assureur. Un loss ratio sur le cyber sous les 3%. La durée du cycle de la gestion des sinistres climatiques divisée par 30.

Non, ce ne sont pas les promesses énumérées dans un énième rapport sur le potentiel de l’IA générative. Ce sont des chiffres bien réels, qui représentent les résultats obtenus par des insurtechs qui pitchaient cette semaine à l’occasion d’une conférence organisée par BGV et Astorya. Focus.

Fulgurant. Un adjectif pour qualifier le boom de l’IA générative, et c’est encore presque euphémisant. Il semble désormais quasiment acquis que cette technologie va avoir un impact majeur sur la société du 21e siècle. Niveau business, en tout cas, les investisseurs n’attendent pas, avec des financements dirigés par la GenAI qui ont tout simplement triplé en 2023.

Côté assurance, l’intelligence artificielle semble en mesure de sublimer tous les maillons de la chaîne de valeur. A des degrés divers certes pour le moment, en fonction de la maturité des cas d’usage, mais les perspectives sont immenses.

IA assurance Swiss Re

Si l’on devait synthétiser le sujet en 2024, IA et assurance, ce sont 3 grandes tendances de fond :

1️⃣ L’efficacité opérationnelle : ou comment améliorer l’existant en l’automatisant pour gagner du temps et de l’argent.

2️⃣ Les risques émergents : les solutions pour adresser les sujets climat, cyber, nouvelles mobilités, tech, passeront nécessairement par l’innovation et la maîtrise de la data.

3️⃣ Les risques liés à l’IA elle-même : on parle ici de propriété intellectuelle, de pannes, bugs ou hallucinations qui peuvent avoir de lourdes conséquences.

Des startups innovantes et bien connues de l’écosystème travaillent sur ces enjeux nouveaux. Avec des résultats déjà très concrets, dont certains même impressionnants.

Les startups, acteurs clés dans un nouveau paysage des risques


Un panel de startups mettant bien en avant la richesse et la diversité des approches, était représenté durant la conférence. Quatre d’entre elles ont tour à tour pris la parole pour dévoiler leurs innovations et leurs avancées.

Zelros, avec Christophe Bourguignat qui a présenté son fameux Copilot, sorte de GPS au service d’un conseiller en assurance augmenté.

Pionnière de l’écosystème français, Zelros élabore des solutions 100% dédiées au secteur assurance présentant plusieurs avantages. Retenons :

  • une proposition de valeur susceptible d’attirer les nouvelles générations vers des postes sur lesquels il y aura de forts besoins dans un avenir proche. 400 000 conseillers spécialisés vont bientôt partir à la retraite aux États-Unis. C’est 50% de la force de travail.
  • une plus-value sur le volet RH. L’assistant permet une montée en compétence des agents en 2 mois, contre 6 habituellement.
  • un ROI concret. Sur un mois avec un client assureur, ce sont 10 000 heures gagnées pour 4 millions d’euros économisés. Et un taux de conversion qui flambe jusqu’à plus de 60% sur une période de 5 mois.

Dattak a, de son côté, alerté sur le côté obscur relatif à l’IA. Le potentiel de cette technologie n’a pas échappé aux pirates. Ils élaborent en effet aujourd’hui des outils comme les redoutables deepfakes ou WormGPT, un ChatGPT pensé pour les hackers.

Dans ce contexte, Charlotte Couallier a rappelé la nécessité de mettre les bouchées doubles sur le volet cybersécurité. Chez Dattak, l’IA générative est ainsi utilisée pour mieux monitorer le risque. Un impératif pour une meilleure prévention en amont et en continu.

Avec des résultats au rendez-vous ! La cyber insurtech revendique ainsi un loss ratio de moins de 3% sur 2 000 entreprises et collectivités locales couvertes. Soit 7 fois inférieur à la moyenne du marché français.

Insurtechs résultats

Greenly, c’est le champion tricolore de la comptabilité carbone, qui vient de lever 49 millions d’euros.

La startup vient répondre à un enjeu majeur du moment, tout particulièrement dans l’assurance, à l’heure où le secteur cherche à élaborer des stratégies avancées pour répondre aux conséquences exponentielles des événements climatiques.

Alexis Normand a expliqué comment son entreprise utilise l’IA. Plus précisément pour catégoriser automatiquement les énormes volumes de données qu’elle doit traiter, et réaliser dans la foulée des cartographies de flux. La technologie lui procure ici une aide précieuse, alors que de nombreux clients veulent aujourd’hui aller au-delà du simple bilan carbone, en demandant des projections pour affiner leurs trajectoires stratégiques.

Weathermind, enfin, qui est l’une des belles promesses de la scène insurtech française sur le sujet climat.

La jeune pousse dirigée par Mehdi Gaaied se focalise sur la brique claims, avec une promesse : l’analyse instantanée des sinistres. Grâce à un cocktail survitaminé à la tech composé de computer vision, d’AI engine et de LLM, la startup permet de mieux classifier les événements dès leur survenance.

Avec ces connaissances, les assureurs peuvent arbitrer les situations de manière éclairée, et repositionner les experts sur les cas les plus complexes. Les bénéfices sont ici aussi substantiels : des coûts divisés par deux, et une procédure 30 fois plus rapide sur le cycle de vie du sinistre.

Ces interventions ont ainsi rappelé les enjeux multiples liés aux risques émergents. Des problématiques propres à notre époque, dont les réponses passeront inévitablement par le progrès technologique et les synergies avec les acteurs innovants.

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