"On croit de manière très ferme à l'électrique" - Itw exclusive de Stanislas Soulié, cofondateur de Qivio

Emma Diedhiou
Rédigé par Emma Diedhiou
01 février 2023 - 7 minutes

Les interdictions aux véhicules les plus polluants ne cessent de croître dans les zones urbaines. En contrepartie, les aides de l’État pour pousser à passer à l’électrique se multiplient. Dans cette dynamique, le monde de l’assurance doit réussir à s’adapter pour répondre aux nouvelles normes et demandes des utilisateurs.

Stanislas Soulié et Émile Sautet, cofondateurs de Qivio

Avec Tesla et les voitures hybrides, les assurances n’ont pas traîné à ajouter une couverture pour les voitures électriques. En ce qui concerne les deux-roues, Qivio a remarqué qu’il y avait un manque qu’il fallait pallier. L’un des cofondateurs de la jeune insurtech française, Stanislas Soulié, nous raconte comment leur solution permet de simplifier la vie des assurés.

Bonjour Stanislas. Tout d’abord, peux-tu nous raconter la création de Qivio ?

Qivio, c’est une nouvelle néo-assurance de mobilité qui se distribue quasiment exclusivement via un réseau partenaire de concessions. Nous sommes trois associés, Emile Sautet, Salim Aboubacar et moi.

Émile et moi, venons de l’univers du deux-roues. À l’origine, nous avions une concession digitale où l’on distribuait des scooters électriques. C’est dans ce cadre-là que nous sommes devenus courtiers en assurances. On a en effet remarqué que nous avions des taux particulièrement hauts de conversion lorsque l’on poussait au bon moment, et au bon endroit, notre produit assurantiel. Lancer Qivio était la suite logique.

Qu’est-ce qui vous a fait passer le cap ?

On ne vient pas du monde de l’assurance, mais on vient du milieu du deux-roues, c’est ce qu’on connaissait le mieux. Notre élément déclencheur, c’est lorsqu’on s’est rendu au salon du deux-roues à Lyon – nous avions un stand – qui est l’un des plus grands salons d’Europe concernant le scooter.

On a échangé avec plein de concessionnaires et c’est à ce moment-là que l’on a remarqué qu’ils cherchaient à bénéficier du marché de l’assurance, mais qu’il n’y avait pas d’offres disponibles pour eux. Ces choses-là se font de manière très traditionnelle avec des assureurs traditionnels. On a donc réellement déclenché le projet suite aux discussions que nous avons eues à ce salon. 

La création d’un lien entre assurés et concessionnaires

Comment fonctionne votre solution ?

On a développé une technologie qui nous permet de nous intégrer aux CRM et aux bases de données des concessions. Elle leur permet de pousser notre produit au bon moment et au bon endroit. Ce moment-là, c’est juste après l’achat quand la personne va aller immatriculer son véhicule. Le concessionnaire va pouvoir proposer le produit Qivio.

De cette manière, le client du concessionnaire va pouvoir souscrire de manière très simple et fluide en quelques minutes à notre solution. Une fois que c’est fait, il a accès à notre plateforme web et une application Qivio. Et c’est grâce à cette application, en cas de sinistre, que l’assuré va pouvoir décrire son problème de manière très simple. Ce problème va être envoyé directement sur la plateforme concessionnaire.

Le concessionnaire a accès à un espace qui lui permet de voir que son client a eu un sinistre. Il va pouvoir faire un devis immédiat qui sera ensuite envoyé au client. Qivio vient donc fluidifier toute cette partie de gestion du sinistre. 

Quelles sont les différentes formules que vous proposez ?

On a trois formules. Elles sont assez classiques sans les options : une formule « Tiers simple », une formule « Confort » et une formule « Tous risques ». On apporte un petit peu plus en proposant un système de tracking, possible grâce à un partenariat.

Nous envoyons une clé de tracking à l’assuré afin qu’il puisse la placer sur son scooter ou vélo. Cet outil permet plus de sécurité, l’utilisateur pourra en effet tracker son véhicule et en connaître tous les mouvements via l’application. En cas de vol, les autorités pourront être alertées très rapidement et seront en mesure de le récupérer en cas de vol, puisqu’elles en connaîtront la localisation. C’est une option, valable sur toutes les offres, à 3 euros par mois.

L’électrique, l’indispensable de demain ?

Qu’apporter de plus au secteur de la mobilité ? 

Aujourd’hui, nous travaillons sur une garantie spécifique à la batterie qui va sortir début 2023. C’est une très grosse demande de nos assurés, parce que la batterie électrique, c’est généralement ce qui fait un peu peur à l’achat d’un scooter électrique.

Nous, notre objectif, c’est que les gens se mettent à l’électrique. On essaie donc de lever les réticences. Cette garantie spécifique à la batterie permettra, en outre, de rallonger la vie de chaque batterie électrique.  

Comment avez-vous réussi à déjà toucher 10 000 utilisateurs ? 

Comme je vous le disais, on opère B2C intermédié. Ce sont donc nos partenaires qui nous permettent d’avoir de nouveaux clients. Nous n’avons actuellement aucun coût en communication ou en acquisition sur le B2C direct. C’est-à-dire que vous ne verrez pas de publicité Qivio sur Google ou les réseaux sociaux. Ce n’est pas notre modèle stratégique et on n’y croit pas pour la mobilité.

Alors oui, certains assurés ont souscrit à nos offres directement, parce qu’ils en ont entendu parler, peut-être via des articles qui parlent de nous dans les journaux. Mais nous sommes principalement connus par l’intermédiaire de notre réseau de partenaires. 

Faites-vous la distinction que vous faites entre votre assurance thermique et votre assurance électrique ? Si oui, quelles sont les implications ?

Oui, nous faisons bien une distinction entre les deux, elle se fait surtout sur la partie de l’assistance. On est les seuls dans le marché à avoir une assistance qui permet en cas de panne électrique, c’est-à-dire lorsque la batterie du scooter est à plat, d’envoyer une borne de recharge mobile pour recharger le scooter sur place. Ce qui permet d’éviter de le transporter pendant un certain temps vers une borne électrique. Donc évidemment, cette offre ne s’adresse pas aux scooters thermiques, car ils n’en ont pas le besoin. 

Nous avons décidé de mettre cela en place à partir d’un vrai constat que nous avons fait en tant que concessionnaire. Nous avons constaté qu’il y avait énormément de pannes similaires. C’est aussi un frein au passage à l’électrique pour les conducteurs qui avaient peur de se retrouver dans une telle situation. Encore une fois, notre but est de lever ces freins.

« L’assurance n’est pas une taxe dont on devrait s’acquitter tous les mois mais un vrai service »

Votre avis et ressenti sur le marché actuel, avec la baisse des investissements en 2022 et la recherche de rentabilité ? 

On a la conviction profonde que le milieu de l’assurance est en train d’être bouleversé depuis des années et que cette « révolution » va encore se poursuivre des années. Dans notre vision, on ne voit pas l’assurance comme une taxe dont on devrait s’acquitter tous les mois, mais comme un vrai service. Et ça, c’est ce qu’apporte les néo-assureurs et c’est ce qui plaît.   

Tant que l’assurance ne sera pas devenue un vrai service, comme nous pouvons l’offrir à travers notre application… il y aura toujours des investisseurs. 

Avec notre business model, on sera rentables d’ici un an et demi. On a déjà atteint un seuil d’assurés critique, on crée donc une entreprise rentable. Dans ce cadre-là, si les néo-assureurs ont cet esprit en tête, on n’a pas peur pour l’investissement même s’il venait à se tarir un petit peu. Nous sommes assez positifs concernant le futur de l’environnement. 

Qu’avez-vous mis en place pour garantir cette rentabilité ?

Le premier volet est que l’on a un business model qui, eu égard à sa nature en B2C intermédié, est un système beaucoup plus vertueux qui nous permet d’avoir des coûts d’acquisition beaucoup plus bas.

Le deuxième volet est je pense similaire aux autres insurtechs. On automatise tout donc nous avons des coûts humains qui demeurent assez bas. On a une technologie qui permet d’automatiser, que ce soit dans les réponses à nos clients, dans les méthodes de souscription, dans les avenants et dans la gestion des sinistres. 

Pensez-vous à des partenariats avec d’autres insurtechs ? 

Nous discutons avec plusieurs insurtechs et assureurs plus importants afin, d’une part de développer notre gamme de produits, et d’autre part d’améliorer nos process.

Vos perspectives d’évolution ? 

Nos grosses perspectives, nos objectif pour 2023, c’est vraiment d’aller sur d’autres produits de mobilité. Donc mobilité douce, la trottinette, le vélo… et puis l’automobile.

Bien entendu, on travaille pour simplifier la vie de l’assuré, donc affiner notre technologie de gestion de sinistre, pour que ça soit toujours plus rapide, toujours plus performant. Notre engagement, pour l’instant, on y répond, mais on veut que ça aille encore plus vite.

On s’est donc fixé l’objectif de pouvoir traiter la gestion d’un sinistre en quatre jours ouvrés. C’est-à-dire qu’en quatre jours ça puisse être réparé et indemnisé pour nos clients.