L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition novembre 2023

L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition novembre 2023

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
17 novembre 2023 - 7 minutes

Ça bouge dans le microcosme de l’assurance ! Et l’innovation aux multiples visages est encore au cœur des enjeux en 2023. Afin d’analyser les tendances de fond, nous faisons appel à l’œil de Florian Graillot et aux experts d’Astorya pour vous concocter un contenu désormais incontournable : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

👀 L’œil du VC Florian Graillot

Plus de 10 000 personnes présentes, des professionnels venus des quatre coins du monde, des centaines d’interventions sur les sujets chauds du moment… L’ITC Vegas s’impose chaque année un peu plus comme l’événement clé de l’innovation, et nous livre de précieux éléments de réflexion sur notre secteur.

Florian Graillot

Ce qui se passe à Vegas… ne reste plus du tout à Vegas ! Entre le 15 et le 17 octobre, Las Vegas a accueilli le plus grand salon mondial de l’innovation dans l’assurance. Un panel éclectique, et de très haut niveau, a témoigné de l’importance croissante prise par cet événement dans l’écosystème.

Vegas ITC 2023

Mais que retenir de ce show qui a vu les interventions s’enchaîner sur un rythme effréné ? On vous suggère trois insights, interconnectés, afin de nourrir votre réflexion au cours des mois à venir.

1️⃣ L’IA est partout… mais concentrons-nous sur le concret plus que sur la prospective !

Si vous n’incorporez pas de l’IA dans votre projet, il n’était même pas question d’espérer franchir les portes du ITC cette année ! Blague à part, et cela ne surprendra plus personne, l’intelligence artificielle est LE phénomène du moment dans l’assurance, alimentant toutes les discussions.

Mais à trop en parler, et notamment dans une dimension prospectiviste parfois floue, n’y a-t-il pas un risque à dévaloriser la technologie ? Car les buzz déceptifs, on connaît ! Il semble donc essentiel de se concentrer sur ce qui existe… et fonctionne déjà très bien.

L’IA, c’est aujourd’hui avant tout des applications concrètes qui font leurs preuves. Citons parmi de nombreux autres exemples Zelros et ses solutions qui débouchent sur une augmentation de 30% des ventes en cross-sell. Bdeo qui traite plus de 50% des sinistres auto en Espagne. Ou FRISS dont les résultats dans la lutte contre la fraude sont tout bonnement impressionnants.

Envisager l’intelligence artificielle via ce prisme confirme l’idée que nous sommes en présence d’un puissant game changer. Pour les assureurs, il n’est donc plus l’heure de se poser la question s’il faut ou non accélérer sur le sujet.

2️⃣ L’efficacité opérationnelle, une priorité pour les assureurs

Voici une tendance de fond qui n’est plus seulement évoquée en off. En 2023, ils l’affirment haut et fort : les assureurs font de l’efficacité opérationnelle une priorité. La rigueur des temps impose une stratégie plus pragmatique. Avec, comme conséquence première, une optimisation des coûts.

Ce resserrement passe par l’axe RH, avec un secteur assurance qui recrute beaucoup moins actuellement (- 19% en un an en France). L’innovation est aussi inévitablement impactée. On bascule dans une approche plus frugale et qualitative. En résumé, la course aux POC est bel et bien finie, et il faut un ROI clair sur l’innovation !

Le contexte est opportun pour les insurtechs qui sauront se démarquer et adresser des pains identifiés chez les assureurs. La recherche d’efficacité opérationnelle implique nécessairement le recours à la technologie et à l’intelligence artificielle. Et les startups qui parviendront à convaincre avec leur savoir-faire peuvent clairement se projeter dans des partenariats industriels avec les corporates.

3️⃣ S’ouvrir pour identifier ce qui compte vraiment

Dans toute cette effervescence, comment identifier ce qui compte et ce qui fait simplement du bruit ? Cet enjeu de pertinence est dorénavant soulevé, notamment dans un contexte où les difficultés de certaines insurtechs peuvent inquiéter. De nombreux assureurs avouent ainsi avoir parfois du mal à y voir clair.

Afin de les appuyer, des acteurs externes ou périphériques détiennent une partie de la réponse. On parle ici des consultants, équipes d’investisseurs, incubateurs ou autres experts de l’insurtech, qui possèdent la connaissance pour naviguer dans le brouillard.

Pour bien appréhender le phénomène, les assureurs doivent donc s’ouvrir. Échanger, partager, discuter, comparer, faire de la veille. Et trouver dans le puzzle de l’innovation les clés pour tirer le meilleur des promesses de la technologie.

🧐 La startup à suivre : Collective Benefits change de nom pour surfer sur la vague « employee benefits »

Onsi

Le monde du travail change à grande vitesse ! Un phénomène de société accéléré par le digital, la pandémie et l’essor du télétravail, notamment. Pour les entreprises, il n’a jamais été aussi difficile de retenir les talents, et l’assurance n’échappe pas à la lame de fond.

Pour répondre aux attentes grandissantes de leurs salariés, elles doivent donc mettre les bouchées doubles. En leur proposant, notamment, des avantages sociaux compétitifs. Problème, la plupart des structures sont mal outillées niveau RH pour créer et gérer des offres suffisamment étoffées et innovantes.

Plusieurs insurtechs ont parfaitement identifié l’opportunité et se sont lancées sur la niche « employee benefits ». En Angleterre, Collective Benefits a été pionnière sur le sujet. En 2021, la startup a opéré deux levées de 7,3 et 6 millions de livres pour décoller.

Avant, au début de l’automne, d’annoncer son rebranding, un virage stratégique détaillé par le CEO Anthony Beilin. Désormais appelée Onsi, l’insurtech veut passer la vitesse supérieure, elle qui revendique déjà 600 000 salariés couverts dans 35 pays.

Cette belle dynamique n’est pas sans rappeler celle de Benefiz en France. Il y a un an, elle était parvenue à aimanter 7 millions d’euros dans un moment très tendu côté investissement. Citons également les initiatives fort intéressantes de YuLife, la pépite de l’assurance vie 2.0 au UK, de la licorne sud-américaine Betterfly ou de Kota, qui figure sur notre podium des levées de fonds du mois.

🌀 Le « game changer » : rentabilité plutôt que croissance, les assureurs – aussi – en quête de profitabilité !

La rentabilité est redevenu un terme incontournable dans l’insurtech ces derniers mois. Le temps où l’argent coulait à flots sur l’écosystème paraît désormais loin, et les investisseurs attendent désormais des startups une approche bien plus frugale.

On aurait pourtant tort de penser que les insurtechs sont seules à pâtir de la morosité économique ambiante. Les grands groupes d’assurance doivent également composer avec cette réalité. Et donc, eux aussi, ajuster leur stratégie. Ainsi, en 2023, 48% d’entre eux érigent la profitabilité au rang de priorité, la croissance ne récolant plus que 13% des suffrages.

Ce pattern de la rentabilité qui remonte la chaîne de valeur n’est pas sans conséquence pour l’écosystème insurtech. En effet, les corporates se montrent plus méticuleux dans le choix de leurs partenaires. Par ailleurs, dans certains pays, ils n’hésitent pas à challenger leur portefeuille. Résultat, il devient de plus en plus compliqué pour des insurtechs de trouver des capacités, même sur des lignes standards (MRH, auto, vélo, chient-chat).

Comment les startups peuvent-elles s’en sortir ? Avoir dans son équipe des dirigeants issus du sérail semble être un avantage considérable. On le voit près de nous avec les Tanguy Touffut (Descartes Underwriting), Eric Mignot (+Simple) ou Charlotte Couallier (Dattak) qui ont pu rapidement propulser leur projet. Les récents changements de CEO dans des entreprises comme Ornikar et autres confirment aussi cette tendance.

En parallèle, les insurtechs doivent démontrer leur capacité à utiliser la technologie pour sublimer les résultats techniques. En d’autres termes, tarifer correctement, et non plus simplement tarifer au prix le moins cher possible !

On en revient ici forcément à l’IA et la data, qui s’imposent comme les clés pour mieux appréhender le risque. Et, in fine, réveiller l’appétit d’assureurs et réassureurs qui font dorénavant plus attention à ce qu’ils trouvent dans leur assiette.

💰 Les principales levées du mois dernier en Europe

La France de nouveau à l’honneur ! Après Stoïk, sur la plus haute marche du podium en septembre, voici au tour d’Orus d’endosser ce rôle. L’insurtech spécialiste de l’assurance pour professionnels a réalisé une levée de 11 millions d’euros, un peu plus d’un an après une première opération remarquée de 5 millions d’euros. Preuve que les investisseurs voient dans ce segment une niche particulièrement porteuse.

Derrière, Laka prend la roue avec un deal de 7,3 millions d’euros. Elle en profite pour racheter au passage la startup française Cylantro, et passer ainsi la seconde sur le terrain de l’assurance des nouvelles mobilités.

Kota, de son côté, a changé de nom et aimanté dans le même temps une jolie somme de 5 millions d’euros. L’insurtech irlandaise, comme Onsi, évoquée plus haut, se focalise sur les « employee benefits ». Enfin, une autre spécialiste britannique de l’assurance vélo, Bikmo, complète le palmarès du mois avec une levée de 3,9 millions d’euros.

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