La publication des résultats annuels des sociétés cotées en Bourse, voici un moment toujours aussi attendu. C’est notamment le cas pour les insurtechs américaines qui ont été secouées dernièrement, et c’est un doux euphémisme.
La plus emblématique d’entre elles, Lemonade vient de dévoiler ses chiffres – à consulter en intégralité ici. Sans surprise, et malgré quelques signaux encourageants, il est hors de question de céder à l’euphorie. La direction devrait même opter pour une politique d’austérité au cours des prochains mois.
Mais d’abord, focus sur quelques métriques clés :
Rien de vraiment neuf sous le soleil, donc, pour la petite reine new-yorkaise. La révolution annoncée il y a quelques années n’a pas eu lieu, et le contexte économique du temps fait des dégâts. A l’instar de toutes ses consœurs, et notamment celles positionnées en B2C, elle doit avancer avec prudence. Elle a ainsi opté pour le licenciement d’une partie de ses effectifs, coupant aussi dans les rangs de Metromile, en 2022.
Autre épine dans le pied des dirigeants, la réglementation américaine. Face à l’inflation et l’impact croissant des catastrophes naturelles, l’insurtech souhaiterait augmenter ses primes pour maintenir l’équilibre. Seulement, cette hausse est soumise au bon vouloir des régulateurs… qui semblent prendre leur temps, quand ils ne sont pas réfractaires ! Afin de composer avec ce contexte, Lemonade va donc devoir la jouer fourmi plutôt que cigale au printemps.
On doit obtenir l’autorisation pour ajuster les tarifs de nos polices. Tant que la procédure ne sera pas bouclée, nous allons réduire notre rythme d’acquisition de nouveaux clients. Nous espérons pouvoir envisager une reprise de la croissance à partir du second semestre 2023.
Shai Wininger, cofondateur de Lemonade
Comment le marché financier a-t-il interprété ces résultats et perspectives ? Assez moyennement, puisque l’action Lemonade est de nouveau passée sous la barre des 16$, plus très loin de ses plus-bas historiques.
Pour espérer un spectaculaire rebond, il faudra donc vraisemblablement attendre. Le sort de la partie est cependant loin d’être scellé. L’entreprise possède encore de jolis atouts, et a engagé une réflexion intéressante.
Et si, en s’ouvrant à l’écosystème – partenariats avec des courtiers aux États-Unis, avec Aviva en Angleterre et l’alliance avec BNP Paribas Cardif en France -, Lemonade dessinait les contours d’une stratégie porteuse d’un second souffle ?