Le chiffre du jour | Face aux licornes, les VCs retournent leur veste !

Le chiffre du jour | Face aux licornes, les VCs retournent leur veste !

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
21 juillet 2023 - 3 minutes

Tout peut aller très vite dans le monde de la finance. Les licornes sont bien placées pour en parler. Un temps révérées et capables d’aimanter des millions en un tour de charme, elles ont subitement perdu de leur superbe. Face au retournement économique, les investisseurs ont changé de focale, et ne regardent plus du tout ces êtres fantasmés de la même façon.

En effet, 84% des VC’s estiment que les licornes sont actuellement surévaluées ! Voici une statistique édifiante tirée d’une étude particulièrement instructive concoctée par Speedinvest, qui a sondé le microcosme des investisseurs européens.

Ceux-ci, comme le marché de manière générale, valident la thèse de valorisations décorrélées de toute réalité durant la période post-Covid. Sentiment renforcé lorsque l’on constate, également, que 57% des répondants ont au moins une licorne en portefeuille !

L’enclos français n’a pas échappé à la rigueur des temps. Le temps où l’on accueillait chaque semaine ou presque un nouveau spécimen semble déjà lointain. Aujourd’hui, il n’en subsisterait qu’une dizaine selon les calculs effectués par Benjamin Charles et seules deux ou trois seraient rentables. C’est peu, très peu, et ce chiffre a pour effet immédiat de ramener tous les amateurs de mythologie sur terre.

🔎 Les chiffres 2022 d’Alan à la loupe

Dans ce marasme, nos deux pépites de l’insurtech, Alan (valorisée 2,7 milliards €) et Shift Technology (dont la valorisation, autour du milliard €, équivaudrait à 2 fois le CA 2022) s’en sortiraient néanmoins plutôt bien. Comme pour leurs pairs, la pression du contexte est toutefois palpable. Et le fameux objectif rentabilité, plus que jamais, un impératif à atteindre à court terme.

Des investisseurs plus vigilants

Le temps de l’euphorie est donc bel et bien révolu. Les premiers crashs, à commencer par celui de Luko en France, sonnent comme un sérieux rappel à l’ordre. Avertissement manifestement entendu côté investisseurs. Ceux-ci remodèlent l’ordre des priorités dans leur évaluation, avec trois facteurs clés qui émergent :

  • la valorisation
  • le business model
  • l’équipe dirigeante

Des résolutions qui se matérialisent sur le terrain. Le premier semestre 2023 dans l’insurtech européenne se caractérise en effet par l’absence de méga deals et des opérations bien plus sélectives, avec une moyenne aux alentours des 10 millions d’euros.

C’est sans doute, aussi, une bonne chose pour l’écosystème. En effet, les investisseurs considèrent davantage le phénomène insurtech dans sa pluralité et font ainsi preuve de plus de finesse dans l’analyse. Près de 50% des levées de fonds cette année concernent des acteurs B2B. Et l’on voit aussi la confirmation d’un financement dirigé vers des produits innovants, notamment sur les nouveaux risques (climat et cyber, notamment).

Il semble que 2023 confirme tout simplement le lancement d’un nouveau chapitre dans l’investissement autour de l’innovation. Caractérisé par un retour à la rationalité, il devrait contribuer à une croissance plus saine des pépites de demain dans l’insurtech. Car oui, et malgré les conclusions hâtives et parfois réjouies de certains observateurs, l’histoire est loin d’être finie !

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