Luko renonce à sa levée de fonds. Et après ?

Luko renonce à sa levée de fonds. Et après ?

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
17 novembre 2022 - 2 minutes

On a guetté l’information chaque matin. Mais les semaines, puis les mois ont défilé, et toujours rien. Jusqu’à ce jour de novembre où Raphaël Vullierme a enfin pris la parole. Il n’y aura donc finalement pas de levée de fonds pour Luko en 2022. Un sérieux contrecoup, alors que l’on attendait une Série C à neuf chiffres de la part de l’insurtech spécialisée en habitation, dans la lignée de celles de Descartes Underwriting et d’Alan.

En cause, évidemment, le contexte économique très tendu en 2022. Aux États-Unis, les insurtechs, et notamment celles cotées en Bourse, traversent de fortes turbulences et licencient à tour de bras. La récession n’épargne pas l’Europe.

Après un cru 2021 où les robinets étaient ouverts, on assiste ainsi à un retour à la normale côté levées de fonds. Les investisseurs se montrent plus prudents et sélectifs. Le marché corrige sévèrement certaines valorisations. Et c’est la douche froide pour plusieurs acteurs.

Changer de cap et traquer la rentabilité pour s’en sortir

Luke, qui arborait jusqu’à présent une trajectoire rectiligne, se trouve donc contraint de revoir brutalement sa stratégie. La startup met ainsi pour le moment en pause ses velléités d’expansion internationale comme le développement de nouveaux produits et services. L’entreprise entre dans une logique de maîtrise des coûts et s’est séparée de 5% de ses effectifs. Voici un revirement spectaculaire, avec une stratégie qui tient désormais en un mot : rentabilité.

Luko va atteindre le cap d’un demi-million de clients d’ici 3 mois, et la rentabilité dans 24 mois – contre un horizon prévisionnel estimé à 5 ans précédemment.

Raphaël Vullierme, CEO Luko

Pour rappel, Luko annonce actuellement 400 000 clients. Ce sont donc 100 000 nouveaux contrats qui devront s’ajouter dans les prochaines semaines. L’objectif paraît – très – ambitieux, mais Raphaël Vullierme assure avoir un plan. Dans les colonnes de l’Argus de l’assurance, il prévient également d’une annonce, en début d’année prochaine, qui lui permettra de « ne plus avoir besoin d’investissements externes ».

Le discours du fondateur se veut évidemment positif et rassurant. Toutefois, et si le sort de la partie est bien loin d’être scellé, l’aventure Luko semble à la croisée des chemins. 2023 s’annonce tumultueuse, et déterminante pour le destin de nombreuses insurtechs.

Selon les prévisions de Forrester, 25% d’entre elles vont quitter la scène au cours de l’année à venir, soit par le biais d’un rachat, soit en mettant la clé sous la porte. Les spécialistes du B2C seraient les plus menacées. Pour Luko comme pour d’autres, il va falloir jouer serré !