Le rôle de l'Open Insurance pour la gestion de sinistre

Le rôle de l'Open Insurance pour la gestion de sinistre

Emma Diedhiou
Rédigé par Emma Diedhiou
20 avril 2023 - 6 minutes

Depuis son apparition, l’Open Insurance suscite un intérêt grandissant de la part du secteur de l’assurance. Rendu possible grâce aux API, ce modèle permet aux assureurs d’ouvrir leur système d’information à des entreprises tierces. Il dessine ainsi, tout simplement, de nouveaux leviers de croissance.

L’Open Insurance offre différentes perspectives pour les groupes d’assurances. Innover sur les offres, sur les modes de distribution, s’ouvrir à de nouvelles sources de données… Mais aussi s’améliorer sur le segment, toujours clé, de la gestion de sinistres.

Lors de son webinar du 5 avril, Insurtech France a croisé différents points de vue pour aborder cette problématique. Des représentantes de Suravenir (filiale d’assurance de personne du Crédit Mutuelle Arkéa), d’Inter Mutuelle Assistance, et des insurtechs Lidix et Claims IA, ont échangé sur l’Open Insurance et la gestion de sinistres.

La gestion de sinistre : moment clé

L’Open Insurance, c’est la possibilité pour les assureurs de proposer de nouveaux parcours client afin d’améliorer l’expérience utilisateur qui, dans le cas de la gestion des sinistres, sont les bénéficiaires de nos contrats d’assurance vie.

Anne Hervé, responsable vie chez Suravenir

La gestion de sinistre est sans aucun doute le moment le plus déterminant dans la relation assureur/assurés. Un instant clé, car il implique l’intervention de plusieurs intervenants (les experts, prestataires…) mais c’est surtout là où les attentes du client sont au plus haut.

L’Open Insurance permet à des outils externes de s’intégrer aux systèmes d’information des assureurs. Elle représente donc l’évolution d’enjeux importants en matière d’innovation. Il s’agit pour les assureurs de capitaliser sur cette ouverture pour gagner en efficience et en rapidité au moment du sinistre.

Et donc en compétitivité sur le terrain hautement stratégique de l’expérience client. Avec, si l’on résume, 3 grands bénéfices à retirer pour les professionnels du secteur.

Les bénéfices de l’Open Insurance

L’innovation est le premier bénéfice qui se dégage. Anne Hervé rappelle qu’il y a encore deux ans, beaucoup de processus étaient encore 100% papier chez Suravenir. Aujourd’hui, l’un des enjeux principaux pour les assureurs est donc de proposer des outils modernes, digitaux et d’être innovants en matière corporate.

Le deuxième avantage est tout aussi primordial, il s’agit de l’enjeu économique. L’Open Insurance représente un gain de temps substantiel. Les assureurs font ainsi, grâce à la technologie, gagner du temps à leurs clients, mais également à leurs services de gestion en interne.

Le troisième bénéfice, enfin, est celui de la crédibilité. On revient en effet au point primordial de l’image de la marque employeur. Afin d’optimiser l’expérience client et donc l’image de marque, simplifier les démarches administratives tout en proposant un parcours personnalisé est indispensable.

Il y a un autre enjeu qui me semble important. Il s’agit du parcours client. On se rend compte que dans les structures plus importantes, on a le phénomène de silos informatiques, mais aussi métiers. Comme nous sommes dans l’assurance, c’est une activité extrêmement réglementée à tous les étages, si bien que c’est compliqué d’arriver à faire émerger une refonte de processus en profondeur. C’est ici donc qu’il y a tout un intérêt en matière d’Open Insurance.

Annabelle Delestre, fondatrice et CEO de Lidix

L’Open Insurance, c’est gagnant-gagnant !

L’Open Insurance permet aux assureurs et à leur écosystème de disposer de solutions clés en main, en une fraction de temps et à un coût réduit. Plusieurs atouts dans une même solution, donc, qui permet aux insurtechs comme aux grands groupes de se retrouver dans une situation gagnant-gagnant au moment du sinistre, grâce à :

  • Une indemnisation directe. Lors d’un sinistre, l’APIsation permet aux grands groupes de pouvoir rembourser dans un temps record un sinistre. Si celui-ci est plus complexe et nécessite un rendez-vous avec un expert, le rendez-vous sera fixé aussi rapidement.
  • La simplicité du parcours client. La paperasse et l’assurance semblent ne faire qu’un, encore, chez de nombreux acteurs. Pourtant, un parcours simple, lors de la gestion d’un sinistre, améliore la relation avec le client. Cette simplicité passe par la digitalisation des étapes comme l’intégration d’une signature électronique, par exemple.
  • La lutte contre la fraude. La fraude à l’assurance est un sujet qui prend de plus en plus de place. À raison, car en France, un assuré sur cinq avouait avoir déjà fraudé sa compagnie d’assurance en 2022. L’intelligence artificielle permet la vérification documentaire et, grâce à de nombreuses données, peut repérer les anomalies.
  • La capacité à faire du reporting. L’IA permet de réaliser un reporting précis sur les activités et données des grands groupes. Grâce à cette review, il devient plus simple pour eux de mieux cibler les pain points à améliorer.

L’intelligence artificielle apporte une solution immédiate, mais joue aussi un rôle sur le plus long terme. Ces solutions innovantes nous font vraiment réfléchir sur nos processus, elles nous poussent à aller plus vite sur certains sujets à challenger notre façon de faire.

Catherine Lardy, en charge des projet innovation chez le groupe IMA

Les difficultés majeures dans les projets Open Insurance

La technologie est rarement un frein. C’est plus le projet technologique et sa mise en place qui le sont. Il est donc important d’identifier les freins sur lesquels investir, sachant qu’ils sont variables.

Stefania Maestroni, CEO de Claims IA

Tout n’est évidemment pas si simple dans le monde de l’Open Insurance ! Il existe toujours des barrières, qu’il est important de repérer pour mieux les surmonter. On parle ici de :

  • La gestion de confiance et de concurrence. Lorsqu’une startup vient proposer ses services pour faire évoluer un grand groupe, elle rencontre fréquemment de la réticence. Accepter une idée, un outil qui ne vient pas de l’interne peut-être complexe. De plus, savoir rester en équilibre sur la mutualisation des intérêts est primordial.
  • La partie sécurité et RGPD. Comme pour tout nouveau projet, la sécurité et la juridiction sont quelque chose à ne pas négliger.
  • La différence d’espace-temps. Il s’agit certainement du plus gros problème, car il représente la plus grande différence entre une insurtech et un gros groupe. À taille humaine et digitale, la startup se repose sur des processus qui lui permettent d’aller vite. A contrario, les grandes entreprises ont une hiérarchisation archaïque qui rend chaque décision longue à prendre, à commencer par le cycle de vente d’une solution IA.

L’Open Insurance semble aujourd’hui devenir indispensable pour que l’assurance puisse évoluer et répondre aux nouvelles attentes des assurés. Malgré leurs ADN bien différents, startups et grands comptes doivent trouver des terrains d’entente pour exploiter au mieux un modèle destiné à tirer tout le secteur vers le haut !