Le recrutement dans l’assurance, un sacré casse-tête ! Voici au moins un point sur lequel tout l’écosystème se retrouve. Des grands groupes aux courtiers et agents généraux locaux, en passant par les insurtechs – voir notre entretien avec Charlotte Couallier de Dattak -, tous sont unanimes sur la difficulté à dénicher, attirer et retenir les talents.
Ce thème brûlant était à l’honneur lors du dernier Club Assurance & Digital de l’Acsel. Parmi les interventions encore une fois très enrichissantes, celle de Jérémy Batilliot a particulièrement retenu notre attention. Le Directeur grands comptes chez LinkedIn a, en effet, utilisé les données du réseau professionnel afin de nous dresser un panorama aussi précis que possible du recrutement dans l’assurance aujourd’hui.
Avec un dénominateur commun pour tous les métiers : l’indice de demande en recrutement est très élevé ! Rien d’étonnant quand on constate un turnover de 12% des effectifs sur l’année en Europe et une tenue moyenne de poste de 2 ans seulement – et même 1,5 an en France !
Face à ce constat, d’aucuns brocarderont volontiers un secteur de l’assurance jugé toujours poussiéreux à bien des égards. Pourtant, prenez garde aux idées reçues ! La crise des talents touche, en effet, tous les secteurs, dans un contexte post pandémie où la société redéfinit son rapport au travail sous bien des aspects.
Et lorsque l’on analyse les chiffres en détail, la bonne surprise vient du fait que l’assurance s’en sort bien. En effet, face aux secteurs concurrents de la banque, des services financiers, de la tech et du conseil, l’assurance présente un solde positif dans la balance arrivées / départs de talents. Un constat également valable pour les fonctions IT qui sont, sans surprise, de plus en plus recherchées.
La révolution technologique implique également de partir en quête de profils spécifiques. On ne sera guère étonné de voir l’IA émerger en tête des nouvelles priorités. La demande a tout simplement explosé de près de 30% au cours de la dernière année.
Pour trouver ces talents, les acteurs de l’assurance vont principalement piocher dans des entreprises tech, dans le conseil et… dans l’assurance elle-même ! L’émergence du phénomène insurtech et la prise de conscience d’accélérer sur le digital impliquent donc une dimension fratricide à cette quête pour aimanter les meilleurs profils.
Enfin, un dernier point nous a interpellés. En Europe, 7 des 10 compétences les plus en croissance dans l’industrie sont de nature tech. On parle ici de la maîtrise des outils Microsoft (BI et Azure), de la cybersécurité ou du langage Python, entre autres. En France, on ne retrouve cependant que 3 compétences à dimension tech dans le Top 10 !
Sachant que le pays est un fer de lance européen dans l’insurtech, qu’en conclure ? Cela voudrait-il dire que nos acteurs traditionnels accusent un retard supérieur à la moyenne sur le volet transformation digitale ? Il est en tout cas grand temps de se poser les bonnes questions. La machine est lancée à vive allure, sans retour en arrière prévu sur l’itinéraire !
