Voiture autonome, ça avance ! Quels impacts côté assurance ?

Voiture autonome, ça avance ! Quels impacts côté assurance ?

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
26 juin 2024 - 4 minutes

La science-fiction est en train de laisser place à la réalité. En juin 2024, Waymo a franchi nouvelle une étape décisive en ouvrant son service de mobilité autonome, Waymo One, à tous les résidents de San Francisco. Désormais, les utilisateurs peuvent héler un Waymo robotaxi via l’application Waymo One, disponible 24/7 à travers la ville.

Le véhicule autonome fera partie de notre futur, c’est une évidence. Dans quelle proportion, pour quels usages précisément et à quelles échéances, cela reste à déterminer. Mais les assureurs seraient malgré tout bien inspirés de regarder de près cette révolution technologique qui pourrait fortement impacter l’une de leurs principales lignes business.

Waymo, la machine est lancée !

Waymo ne cesse d’avancer depuis le lancement de son service de robotaxis à Phoenix en 2020. Avec une flotte de plus de 500 SUV électriques Jaguar équipés de la technologie de conduite autonome, l’entreprise réalise plus de 50 000 courses par semaine dans trois grandes villes américaines : Phoenix, San Francisco et Los Angeles.

Et, malgré de vifs débats au sein même de la population, il faut bien constater que le succès est au rendez-vous. Environ 300 000 personnes s’étaient inscrites sur la liste d’attente pour utiliser le service à San Francisco. Ce chiffre vient témoigner d’une adhésion tout sauf anecdotique à cette technologie révolutionnaire. En 2024, Waymo prévoit de s’étendre à Austin et d’autres marchés, poursuivant son développement prudent mais déterminé.

Les performances économiques de Waymo sont tout aussi encourageantes. Avec un tarif moyen de 20 dollars par course, les revenus annuels devraient dépasser les 50 millions de dollars cette année. Ils étaient de moins d’un million de dollars en 2022, soit une croissance de 1000%.

Bien que Waymo et Alphabet n’aient pas partagé leurs prévisions financières, les analystes estiment que les revenus pourraient atteindre des centaines de millions de dollars d’ici un ou deux ans. Il faudra certainement un moment à Google pour amortir les milliards investis en R&D, mais la machine est désormais bel et bien lancée.

La question de la sécurité

C’est une question accompagnant le véhicule autonome depuis les débuts : celle de la sécurité. Hors de question, évidemment, de laisser ces engins envahir nos routes s’ils ne cochent pas toutes les cases d’une utilisation sans danger. Au moindre incident, les véhicules autonomes sont cloués au pilori. De quoi alimenter un imaginaire dans lequel ils n’ont pas vraiment la cote…

Pourtant, les chiffres mettent à mal ces représentations. Waymo et Swiss Re ont ainsi récemment publié une étude qui démontre que les véhicules totalement autonomes réduisent les sinistres corporels de 100% et les dommages matériels de 76%. Ces résultats sont basés sur l’analyse de 6,1 millions de kilomètres parcourus par Waymo en Californie et en Arizona, ainsi que sur 600 000 sinistres et plus de 200 billions de kilomètres examinés par Swiss Re.

Waymo Safety Impact

En outre, les statistiques de sinistralité de Waymo à San Francisco sont également révélatrices. Depuis le début de son programme en 2021, avec plus de 3,8 millions de kilomètres parcourus par ses véhicules sans conducteur, Waymo a enregistré 17 accidents de moins avec blessures et 12 accidents de moins nécessitant un rapport de police par rapport aux conducteurs humains.

Ces données montrent que, bien que l’on pardonne moins une IA qu’un humain pour un accident, les véhicules autonomes commencent à prouver une solide viabilité. Et ouvrent de fait le chemin à un usage bien plus important dans les années à venir.

Des enjeux forts côté assurance

Nous ne sommes qu’au début de la révolution des véhicules autonomes. Cependant, tout porte à croire que le phénomène pourrait fortement s’accélérer. Des acteurs majeurs comme Amazon, avec sa filiale Zoox, ou Elon Musk, avec Tesla, manifestent un intérêt croissant pour cette technologie.

Pour les assureurs, la question n’est donc pas de savoir si, mais quand il faudra accélérer sur le sujet. C’est tout simplement un nouveau risque qui se présente devant eux. Avec la conséquence ultime de les obliger à revoir leur approche.

Traditionnellement, les actuaires basent en effet leurs modèles de risque sur le comportement des conducteurs humains. Avec l’avènement des véhicules autonomes, ils devront adapter ces modèles pour tenir compte des nouvelles technologies et des données sur la sécurité des véhicules sans conducteur. Tout cela, sans pouvoir se reposer sur quelconque historique pour pricer. Sacré casse-tête en perspective !

Les défis ne s’arrêteront pas là pour les assureurs. Pour développer de nouveaux produits d’assurance spécifiques aux véhicules autonomes, ils devront prendre en compte de multiples facteurs. On pense notamment à la responsabilité des fabricants de logiciels et de matériel, aux coûts de réparation des technologies avancées ou à la gestion des sinistres liés aux cyberattaques.

Cette évolution nécessitera également une collaboration accrue entre les assureurs, les fabricants et les régulateurs, afin d’établir des normes de sécurité et des cadres juridiques adaptés.

Une nouvelle voie s’ouvre ainsi sur le terrain de la mobilité, et l’horizon pourrait bien ne plus être si éloigné. Aux professionnels de l’assurance de se montrer vigilants pour anticiper un virage potentiellement serré !

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