Une escapade dans le métavers avec l'ACSEL et les assureurs

Une escapade dans le métavers avec l'ACSEL et les assureurs

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
21 octobre 2022 - 6 minutes

On avait coché cette date du 18 octobre 2022 depuis déjà un moment. Pour sa nouvelle édition de son Club Assurance & Digital, l’ACSEL avait il faut le dire su nous faire saliver. Au programme, une thématique incontournable du moment : le métavers.

Sujet spéculatif et prospectif, il s’invite aussi à la table des discussions dans l’assurance, et nous a déjà donné l’occasion d’écrire plusieurs articles. Alors, le fameux monde virtuel peut-il tenir ses promesses, tant côté assureurs que pour les assurés ? Durant une heure et demi, pionniers et experts se sont relayés pour dévoiler des éléments de réponse. Morceaux choisis et découvertes intrigantes…

AXA en première ligne !

Si vous vous intéressez au sujet métavers x assurance, les noms de Cyrille Magneto et François Pannecoucke vous sont déjà bien connus. Spécialiste de l’innovation, le premier coordonne tout le projet autour du métavers chez AXA. Face au nouveau monde, l’assureur français endosse le costume de pionnier. Et il ne fait pas dans la demi-mesure, lui qui a tout simplement acheté une parcelle dans The SandBox en début d’année. Quelles avancées et premiers retours d’expérience en tirer ?

D’emblée, Cyrille a tenu a rappelé les bases, à savoir qu’AXA « ne surestime pas le court terme, mais ne sous-estime pas non plus le long terme ». Pas de plan sur la comète, en résumé, mais il était important pour l’assureur de s’acculturer rapidement au phénomène. Apprendre en pratiquant, aussi, pour découvrir tout le potentiel par itération.

On annonce une maturité du métavers à l’horizon 2030. C’est loin, d’accord, mais on se prépare déjà. Et on souhaite aussi rencontrer les early adopters, des talents tech, que l’on veut approcher car ils peuvent nous aider à construire l’assurance de demain.

Quant à François Pannecoucke, l’agent général AXA s’est révélé médiatiquement ces derniers mois grâce à sa méta-agence. Depuis leur ouverture au printemps, les locaux ont évolué pour devenir une réplique quasi parfaite de l’agence réelle.

Ils accueillent aussi de plus en plus de monde. François est ainsi revenu sur la journée portes ouvertes menée avec Juridica, une première pleine de promesses. Expérience qui a confirmé son intuition, celle que le métavers peut casser bien des barrières et apporter une vraie plus-value à la relation client.

Un assureur dans le métavers, ça ressemble à quoi ?

Chez AXA, la stratégie autour du métavers est bicéphale. L’assureur utilise Gather et sa 2D pour les expérimentations RH en interne, et donc son terrain dans The Sandbox pour une approche plus grand public. Cyrille Magnetto a joué les guides pour nous faire découvrir la parcelle et ses constructions. Voici une immersion en images.

L’utilisateur promène son avatar dans un décor digne du far-west. Il peut alors trouver refuge dans l’oasis AXA où il est pris en charge dès le lobby. Au menu, de l’information et de la pédagogie autour du web3, ses définitions, ses enjeux mais aussi ses dangers. Il est ensuite temps de gravir les étages où de nombreux défis l’attendent.

Voici le musée AXA, où le visiteur peut se familiariser avec l’histoire du groupe et ses valeurs. A chaque fois, la consultation de contenu débloque des récompenses.

Place désormais à l’espace recrutement. Un escape game est proposé, dans lequel l’utilisateur – ou candidat ! – va pouvoir tester ses soft skills. Son courage, son esprit collaboratif et sa gestion du stress vont être mis à l’épreuve, avec, en récompense à la clé, un entretien avec un responsable RH.

On enchaîne avec l’espace innovation. C’est ici l’occasion pour l’assureur d’affirmer sa position d’avant-garde sur les sujets tech, mais aussi de mettre en lumière son engagement côté RSE.

On termine enfin la visite sur le toit de la pyramide. Le président du groupe nous y attend pour un discours, dans lequel il remet une couche sur les valeurs de son groupe. Voici donc un bel exemple de communication verticale !

Cette gamification dans un univers parallèle peut sembler très accessoire. Cyrille Magnetto en convient : il faudra du temps et il faut acculturer, en interne déjà. Toutefois, il précise que « ce premier pas dans The Sandbox permet de faire remonter le sujet dans toutes les directions du groupe : actuaires, gestion des risques, etc. » Sans cette expérimentation, le sujet n’existerait tout simplement pas, et c’est ici que l’on entrevoit la dimension stratégique du projet.

Métavers x assurance, une réalité business lointaine ?

Cryptomonnaies, NFT, DeFi… Voici des termes ou acronymes qui nous semblaient inconnus, obscurs ou réservés à des érudits de la chose il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, le phénomène crypto a envahi notre quotidien. Les individus possédant un wallet remplis de bitcoin et d’ethereum se multiplient. Les NFT, fameux tokens non fongibles, sont l’attraction de 2022 et la valeur de certaines pièces explose. Et l’on peut, de manière générale, acheter de plus en plus de biens dans le métavers, de la maison aux habits de marque.

Qui dit valeur dit, forcément, besoin d’assurance à un moment de la chaîne. Mais où se situe le secteur aujourd’hui ? Sur le sujet NFT, Robert Read, éminence dans l’assurance d’art à Londres, a livré son avis d’expert. Pour lui, c’est évident : il s’agit aujourd’hui plus d’un hobby de spéculateur que de collectionneur. Bien trop volatile, donc, pour intéresser les assureurs. « Ils ont besoin de certitudes avant d’entrer dans ce marché », martèle Robert. Par ailleurs, il rapproche le NFT du risque cyber. Là encore, problème. L’assurance manque déjà sérieusement de capacités pour adresser un cyber problème grandissant. Il n’y a donc rien pour les NFT, qui demeurent somme toute minuscules dans cet océan.

Mais nous ne sommes qu’au début de l’histoire. L’assurance arrivera naturellement si l’écosystème web3 atteint un premier stade de maturité. Par ailleurs, il existe déjà des solutions qui ressemblent à bien des égards à des couvertures assurantielles. Pour Mung Ki Woo, de Ledger, le coffre-fort numérique est un bon exemple. Convaincu que « la demande est déjà là et que les attentes vont encore changer dans les années à venir », il soumet une piste. Pourquoi ne pas partir de risques déjà connus, comme le cyber et l’usurpation d’identité, pour élaborer des premières offres dédiées ?

Evertas, Coincover, SuperscriptPlusieurs startups et insurtechs se positionnent déjà sur cette niche et imaginent des assurances pour assets numériques. Elles donnent clairement le ton. Et si l’on ne peut évidemment augurer de quoi demain sera fait, restez à l’affût toutefois. Alors que la vitesse d’adoption des nouvelles technologies nous surprend génération après génération, le métavers pourrait bien devenir partie intégrante de nos vies plus rapidement qu’on ne l’aurait imaginé…