Cybercriminalité : et si les assureurs étaient complices des pirates ?

Cybercriminalité : et si les assureurs étaient complices des pirates ?

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
26 avril 2021 - 2 minutes

 

« Aujourd’hui, on voit un jeu trouble des assureurs. » La bombe a été lancée le 15 avril au Sénat par Guillaume Poupard. Avec ces propos, prononcés à l’occasion d’une table ronde autour des enjeux de cybercriminalité, le directeur général de l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes informatiques) a mis le doigt sur les nombreux dysfonctionnements qui entourent l’un des principaux risques émergents.

Oubliez les romans d’anticipation. La cybercriminalité est désormais une réalité tangible et plus de la moitié des entreprises françaises reconnaissent avoir connu une attaque l’an dernier. Parmi les tactiques privilégiées par les pirates figure le ransomware, ou rançongiciel (+ 225% d’augmentation en un an). Et c’est à ce niveau que se noue le problème. En effet, des assureurs pousseraient leurs clients à payer les rançons demandées, une garantie comprise dans certains contrats de cyberassurance. Ce faisant, ils s’évitent de devoir débourser, plus tard, des sommes autrement plus importantes pour dédommager des pertes de données qui peuvent être considérables – et aller jusqu’à mettre en péril l’entreprise.

Cybersécurité en France

En optant pour cette tactique, ils se feraient involontairement les acteurs d’un cercle vicieux… en encourageant les criminels à récidiver ! La situation nous rappelle forcément les épisodes de piraterie commis dans le Golfe d’Aden, au large de la Somalie, au cours de la dernière décennie. Il avait fallu l’intervention de la marine de guerre des états concernés pour résoudre le problème. Face à un risque cyber qui prend de plus en plus un caractère systémique, les assureurs ne pourront pas faire front seuls et auront certainement, eux aussi, besoin de l’artillerie lourde des autorités pour organiser la riposte.

[Rançonnage informatique des entreprises françaises : l’attitude de certains assureurs pousse au crime – La Revue du Digital]