A la recherche de la nouvelle star - Rencontre exclusive avec Pauline Brunel de BlackFin Tech

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
10 avril 2020 - 5 minutes

 

En 2012, un nouveau mot fait son apparition dans l’univers de l’assurance, d’abord sous forme de hashtag : assurtech. Depuis, plus de 10 milliards d’euros ont été injectés dans ces startups qui promettent de révolutionner le secteur. BlackFin Tech est une société française de capital-risque et de capital-investissement dont le but consiste, notamment, à dénicher les futures pépites de l’assurtech. Pauline Brunel, Investment Manager, nous dévoile le quotidien de ces chasseurs de talents des temps modernes.

Blackfin Tech, rampe de lancement pour les champions de demain

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2008, le monde subit une crise économique de grande ampleur. Au cœur de la tempête, quatre hommes font le pari ambitieux, fou diront certains, de lancer leur fonds d’investissement à destination des entreprises spécialisées en finance. Paul Mizrahi, Laurent Bouyoux, Eric May et Bruno Rostain ne sont toutefois pas des novices dans le milieu. Les trois premiers sont notamment connus pour être les fondateurs de Fortuneo, Bruno Rostain ayant quant à lui été PDG d’Aviva France et cofondateur de Commerz Financial Products. 12 ans plus tard, leur audace a porté ses fruits. Blackfin Capital Partners vient de quintupler de taille à la faveur d’une levée de 1 milliard € annoncée en décembre.

Les hommes forts de BlackFin ont diversifié leurs activités en 2017. Avec Blackfin Tech, ils souhaitent capter les opportunités offertes par la révolution digitale et l’émergence de nouveaux marchés : fintech, regtech et assurtech. Pauline Brunel, investment manager, nous explique le concept : « Nous cherchons à identifier les startups les plus prometteuses en Europe. Une fois que nous avons choisi nos winners, nous prenons part à des tours de table. Nous investissons essentiellement en early stages, avec des tickets allant de 1 à 15 millions €. »

La participation de BlackFinTech à ces nouvelles aventures ne se limite toutefois pas à un investissement financier. Pauline précise ainsi que l’objectif est de suivre ces acteurs sur un temps long – avec des horizons définis à 6, parfois 8 ans – en leur fournissant des conseils et un accompagnement sur-mesure destiné à optimiser leur croissance (Format audio – 58′)

L’assurtech au cœur des priorités

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L’assurtech est un écosystème en pleine ébullition. La preuve ? En 2019, les levées de fonds ont atteint un total record de 6,35 milliards $ (5,88 milliards €) au niveau mondial, soit une augmentation de 52% en un an ! Pauline Brunel explique « l’assurtech s’impose comme un des secteurs majeurs de la fintech. Elle nécessite qu’on y passe un temps conséquent à l’analyse et à l’investissement. »

Dès lors, il n’est guère étonnant de voir BlackFin Tech l’ériger au rang de priorité. L’assurtech représente ainsi un tiers du portefeuille de la société, qui a jeté son dévolu sur trois jeunes pousses :

  • Friss : la startup néerlandaise se focalise sur un secteur brûlant dans le monde de l’assurance : la détection de la fraude. Elle fournit sa solution dopée à l’IA et au machine learning à plus de 175 assureurs présents dans 40 pays. Friss a été la première « élue » par les experts de BlackFin Tech qui ont participé à son tour de Serie A de 15 millions € en décembre 2017.
  • Descartes Underwriting : lancée fin 2018 par Tanguy Touffut, DU conçoit des solutions d’assurance paramétrique pour répondre aux enjeux climatiques. BlackFin Tech a investi 2 millions € dans cette entreprise aujourd’hui reconnue comme l’un des fleurons de l’assurtech en France.
  • Akur8 : cette autre startup française prometteuse a élaboré un système de princing innovant, basé sur l’IA, spécifiquement dédié aux assureurs. La promesse ? Une modélisation du risque 10 fois plus rapide qu’avec la méthode manuelle ! BlackFin Tech a pris part à la levée de 8 millions € annoncée le 12 mars dernier.

BlackFin Tech concentre ses efforts sur l’Europe, un terrain florissant. Pourtant, si l’on analyse plus en profondeur le paysage de l’assurtech au niveau mondial, le constat est sans appel. Les Etats-Unis mènent plus que jamais la danse, que ce soit au niveau du nombre comme du montant des deals réalisés. Des acteurs comme Lemonade, Root, Metromile ou Hippo sont déjà parvenus à opérer des « megarounds ». Ces capitaux leur offrent, de facto, la possibilité d’opérer à grande échelle. Sur le Vieux Continent, les choses n’avancent pas aussi rapidement. Par exemple, en 2019, derrière les Allemands de WeFox et Friday, aucun deal à 3 chiffres n’a été réalisé. Pauline, qui a travaillé durant trois ans à Toronto dans le VC, nous livre son analyse sur ces différences entre les deux marchés (Format audio – 1’00’)

Pour l’assurance, le digital n’est plus une option

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La transformation digitale a complètement bouleversé le secteur de l’assurance au cours de la dernière décennie. La démocratisation d’Internet, l’essor des nouvelles technologies et l’apparition associée de nouveaux usages chez les consommateurs ont complètement redistribué les cartes. Demain, l’assurance ne sera plus forcément la chasse gardée des groupes traditionnels. Pour Pauline Brunel, il s’agit d’un produit « très facile à plugger sur un GAFA ou un autre géant de la Fintech comme PayPal ou Transferwise. » Ces derniers, au-delà de leur savoir-faire technologique, ont en outre deux atouts majeurs à disposition : une force de distribution incomparable et la confiance des utilisateurs.

Pour les professionnels de l’assurance, embrasser la transformation digitale n’est donc plus une option. L’utilisation de la data devient la norme et redéfinit les contours de l’expérience client. Les innovations liées aux nouvelles technologies, en particulier l’IA, atteignent un premier stade de maturité. Enfin, la logique de distribution sous forme d’écosystèmes se met déjà en place. « Personne ne va attendre les acteurs qui sont trop en retard. Et il y a aujourd’hui clairement un risque de les perdre en route », prévient Pauline.

Selon elle, l’assurance est « prête pour la disruption ». Ce processus ne sera toutefois pas uniforme, avec trois étapes bien distinctes – qui ont déjà débuté mais n’ont pas atteint le même stade : la distribution, les enablers et l’assimilation du digital comme culture. Pauline précise sa pensée (Format audio – 1’06’)

Dans ce microcosme bouillonnant, les perspectives s’annoncent donc passionnantes. Blackfin Tech a pris la vague au bon moment et sera un acteur à suivre de près dans sa quête de la nouvelle star de l’assurance.

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