"Une nouvelle levée pour continuer d'accélérer !" - Charlotte Couallier évoque en exclusivité la Série A de Dattak

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
30 août 2023 - 6 minutes

Dattak revient à la charge ! Un peu plus d’un an après son arrivée remarquée dans le paysage, avec un seed impressionnant de 7 millions d’euros, l’insurtech spécialisée cyber profite de la rentrée pour annoncer une Série A. Un très joli coup, et une belle preuve de confiance des investisseurs, à l’heure où la frugalité règne dans la sphère insurtech.

Charlotte Couallier revient en exclusivité pour Digital & Assurance sur cette étape majeure dans l’histoire de la jeune pousse. La cofondatrice et désormais PDG nous dévoile bien évidemment le montant de l’opération, qui sont les deux nouveaux investisseurs à bord, et évoque les projets à venir de Dattak, toujours au service d’une ambition assumée : devenir la cyber insurtech de référence en Europe.

Dattak levée de fonds

Bonjour Charlotte. Dattak attaque fort la rentrée avec l’annonce d’une Série A. Tu nous en dis davantage ?

Nous venons en effet de réaliser une levée de fonds de 11 millions d’euros. Une opération rendue possible grâce à la confiance renouvelée de XAnge, qui nous accompagne depuis nos débuts, mais aussi l’arrivée de deux nouveaux investisseurs : Breega et Bpifrance.

Pourquoi avoir réalisé cette nouvelle levée tout juste un an après la première ? Pour soutenir notre croissance, et continuer d’accélérer, très clairement ! Elle vient précisément soutenir deux objectifs.

Le premier, déjà enclenché depuis juin, consiste à étendre notre offre à de plus grandes entreprises. Nous sommes désormais en mesure de couvrir des ETI dont le chiffre d’affaires peut atteindre 200 millions d’euros. C’était un objectif majeur pour nous en 2023, et une réponse à une problématique de terrain remontée par nos partenaires courtiers, notamment.

Le second est relatif au développement de notre arsenal de solutions. Dattak, c’est une offre de cyber assurance couplée à des outils de cybersécurité que l’on offre gratuitement à nos assurés. Nous développons ces outils en interne, un procédé qui requiert des investissements conséquents et le recrutement de profils tech expérimentés.

Nous venons ainsi d’embaucher un nouveau CTO, Benoit Beaulieu, passé par Lydia ou Nickel. Depuis son arrivée, il nous appuie en particulier sur la confection d’un outil de pentest, un système de test d’intrusion novateur qui aidera à mieux sensibiliser et protéger nos clients.

Valider une levée à deux chiffres dans un contexte économique tendu, c’est un beau tour de force. Comment se sont déroulées les discussions en coulisses ?

Lever des fonds, ce n’était pas une obligation pour nous. On avait de la marge après avoir réalisé un seed conséquent. Mais quand l’occasion s’est présentée, nous nous sommes dit qu’il s’agissait d’une belle opportunité pour encore mettre un coup d’accélérateur.

On discute en continu, ça fait partie de notre métier d’échanger avec les fonds. Et c’est toujours un bon signe de sentir leur intérêt, ça nous conforte dans notre positionnement.

Plusieurs éléments ont séduit les investisseurs. Notre équipe, bien sûr, ainsi qu’un marché énorme, sur un risque en pleine explosion, avec un taux de pénétration encore faible (on parle de moins de 10% d’entreprises assurées et de 22 millions de structures à couvrir en Europe).

Notre croissance et notre capacité d’exécution ont aussi pesé dans la balance. En un an, on a convaincu 1 000 clients, on travaille avec plusieurs centaines de courtiers. Les investisseurs ont eu confiance en notre capacité à convaincre nos partenaires assureurs et réassureurs qu’on avait les épaules suffisamment solides s’attaquer au marché des ETI. C’est un segment difficile, qui demande plus de capacités, de finesse dans l’analyse du risque et la souscription, avec un audit beaucoup plus poussé en matière de cybersécurité.

Nous sommes au final très satisfaits d’avoir levé ce montant, d’autant plus dans le contexte actuel pour le moins difficile !

Ça bouge toujours vite dans la sphère cyber, avec une menace en perpétuelle évolution. Peux-tu nous faire un état des lieux ?

La menace augmente de nouveau cette année. On observe également plus de sophistication côté hackers. Cela demande donc d’intensifier le travail et les investissements de l’autre côté, afin de contrecarrer leurs desseins.

Sur le sujet cyber assurance, on va dans le bon sens. Le rapport LUCY précise qu’en 2022, le volume global de primes a augmenté de 72% pour atteindre 315 millions d’euros en France. En parallèle, les ratios sinistres/primes diminuent. Nous sommes donc sur un marché qui mûri avec la possibilité de faire de la croissance pérenne.

Je suis convaincue que l’on est sur un risque qui est assurable, malgré toutes les questions que l’on a pu se poser.

Il existe cependant toujours des disparités en fonction des segments. Les très grandes entreprises sont aujourd’hui parfaitement bien assurées et sécurisées. En ce qui concerne les ETI, moins de 10% d’entre elles sont couvertes… mais elles commencent à investir davantage. On sent une demande émerger, d’où le déploiement de notre nouvelle offre.

Enfin, côté PME, il y a encore un travail d’évangélisation à fournir et un niveau minimum de cybersécurité à atteindre. Pour certains secteurs, nous sommes encore loin du compte. Pourtant, tout le monde est digitalisé aujourd’hui – même un menuisier ou un garagiste – et donc exposé !

La data apparaît comme une clé déterminante pour mieux adresser le risque cyber. Où en êtes-vous sur ce sujet ?

Sur la data, nous avons construit notre propre modèle de tarification. On l’enrichit en continu, avec ce que l’on détecte sur les secteurs attaqués, les nouvelles vulnérabilités, les nouveaux moyens des hackers.

Nous améliorons donc constamment le modèle grâce à ces insights, que nous partageons avec nos partenaires assureurs et réassureurs afin d’affiner nos offres. Tous les trimestres, je publie également un post sur LinkedIn pour pousser une partie de nos observations auprès de l’écosystème

Avec cette levée, allez-vous agrandir l’équipe ? Et un déploiement hors de nos frontières est-il à l’ordre du jour ?

Oui, effectivement, nous souhaitons doubler la taille de l’équipe pour la porter à 50 personnes. Nous allons principalement chercher à recruter des talents spécialisés en tech et cybersécurité, mais aussi renforcer la partie commerciale.

Quant à l’ambition de Dattak, elle reste la même. Nous souhaitons devenir le leader européen de l’assurance cyber et proposer une offre paneuropéenne adaptée. Un plan de route est déjà dans les tuyaux, on vous en dira plus prochainement !

Dattak

La levée est aussi l’occasion d’annoncer des ajustements au niveau de l’équipe de direction…

Effectivement, je deviens Présidente directrice générale. Nous avons pris cette décision en commun entre cofondateurs afin de mieux répartir les rôles, pour mieux faire grandir Dattak. Damien (Damamme) reste DG et directeur commercial. Quant à Benoît (Grouchko), il me passe le flambeau de CEO et continue à aider Dattak sur la partie conseil.

Quels seront les autres temps forts de la rentrée pour Dattak ? On aura le plaisir de te croiser lors d’événements ?

Les Journées du Courtage à Paris seront encore incontournables cette année. Dattak aura de nouveau son stand, et ce sera l’occasion de retrouver nos courtiers partenaires et d’envisager de nouvelles collaborations.

Nous serons également présents aux Rendez-Vous de Septembre de Monte-Carlo, où nous aurons le plaisir d’échanger cette fois avec nos partenaires assureurs et réassureurs.

Le 26 septembre, je serais l’invitée de Parité Assurance pour évoquer mon parcours et le projet Dattak. C’est en ligne et vous pouvez d’ailleurs vous inscrire.

Enfin, je vous donne rendez-vous en octobre à Fintech R:Evolution où je serai speaker, et en novembre à l’Insurday, où j’aurais le plaisir d’intervenir à l’occasion d’une table ronde sur le cyber et les nouveaux risques.

🎙️ En savoir plus sur le parcours de Charlotte et l’aventure Dattak dans l’épisode 8 de notre série d’entretiens #InsurtechExpress

Vignette Dattak
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