Insurtech Express #14 | 7 questions à Arthur Maximin de Kenko

Insurtech Express #14 | 7 questions à Arthur Maximin de Kenko

Emma Diedhiou
Rédigé par Emma Diedhiou
22 décembre 2023 - 7 minutes

L’assurance santé en France est l’une des fiertés du système social français. Pour autant, elle comporte encore de nombreux axes d’amélioration. L’innovation et le digital peuvent, aujourd’hui, permettre de faire mieux, au bénéfice de tout l’écosystème, et en particulier des assurés

Kenko a vu le jour dans le but de répondre à ce défi. Adoptant un positionnement de courtier en assurance santé prévoyance collective, l’insurtech fournit une mutuelle personnalisable aux entreprises pour leurs salariés.

Avec un objectif ultime : permettre aux PME et TPE, qui constituent 95% du tissu entrepreneurial française, de bénéficier des mêmes avantages et bénéfices que les grands structures.

Arthur Maximin, CEO et cofondateur, nous raconte en exclusivité l’histoire de Kenko, à travers des questions originales et inédites. Il va notamment vous parler de sa rencontre avec un associé sur les bancs de la maternité, des insurtechs à suivre dans l’écosystème français et de son plus grand défi de 2023.

👨‍🏫 Hello Arthur ! Kenko, c’est quoi ? Attention, il faut être clair comme si tu pitchais devant une classe de CM2 !

Alors, pour faire simple : quand tu vas chez le médecin avec ta mère ou ton père, ça coûte à peu près 25 euros. Les 25 euros sont remboursés par deux organismes. Une partie par la sécurité sociale (environ 16 euros), et l’autre par la mutuelle. Et bien, Kenko, c’est une mutuelle, qui va donc permettre à tes parents d’être mieux remboursés quand ils vont chez le médecin.

Kenko est une mutuelle destinée aux entreprises. En France, il est obligatoire pour les entreprises de fournir une complémentaire santé à leurs salariés pour les protéger.

La spécificité de Kenko ? Nous proposons aux entreprises la première mutuelle qui est personnalisable au niveau de chaque salarié, gratuitement. Chaque personne assurée chez Kenko peut donc choisir son propre niveau de remboursement sur la mutuelle, au moment de son inscription.

On apporte ainsi de la flexibilité dans un secteur très standardisé. En résumé, quand on est salarié dans une entreprise, on a la même mutuelle que tous ses collègues. Alors qu’avec Kenko, on peut l’adapter davantage à ses besoins, et tout ça, gratuitement.

🍾 Comment tout a commencé pour Kenko ? Sur les bancs de l’école, lors d’une soirée arrosée ?

L’anecdote de la rencontre va être assez peu originale… parce que l’un de mes associés est tout simplement mon père ! La rencontre avec mon père (Philippe Maximin) s’est effectuée de façon assez naturelle (rires). Ce n’était pas sur les bancs de la fac, mais plutôt sur les bancs de la maternité.

Cela fait aujourd’hui 10 ans que je travaille de façon discontinue avec mon père sur les sujets d’assurance collective. Nous sommes convaincus qu’il y a vraiment une nouvelle approche à apporter, notamment sur la complémentaire santé.

Mon autre associé est l’un de mes meilleurs amis. Mais il est vrai que pour rattacher Xavier Hermand à l’aventure, il y a eu une soirée arrosée (rires). Mon père savait faire de l’assurance, moi savais vendre, mais il nous manquait quelqu’un pour développer les plateformes digitales.

J’ai alors demandé à Xavier, que j’estimais beaucoup, de m’aider à trouver un CTO. Il m’a donc aidé à créer la fiche de poste. Au fur et à mesure que l’on avançait sur la création de la fiche, nous nous sommes rendus compte qu’il était finalement le seul à pouvoir prétendre au poste en question.

Voici donc l’histoire ayant conduit à la création d’un trio complémentaire. Mon père est l’expert assurance, Xavier est l’expert tech et moi, je fais tout le reste !

🔢 Si on ne devait retenir qu’un chiffre sur Kenko, lequel ? Le nombre de cafés écoulés depuis le début de l’aventure ?

6 mois ! Soit le temps que l’on a mis pour développer ce que je considère comme l’une des meilleures plateformes d’assurance santé collective française. 

Il est important de noter que Xavier était novice dans le secteur de l’assurance. Et c’est lui qui a mis en place toutes les connexions que l’on a avec le gestionnaire, l’assureur etc. Rapidement, il a dû devenir le plus grand expert de l’entreprise sur les sujets liés l’assurance, un premier challenge réussi avec brio.

En parallèle, nous avons dû travailler sur les maquettes des plateformes. Nous voulions qu’elles soient simples, fluides, avec une expérience utilisateur agréable. Sachant que nous avons un site internet et une plateforme mobile pour les assurés, mais aussi un site internet pour les RH.

Pour résumer ces six mois, je dirais que c’est surtout beaucoup de recherches, pour comprendre comment tout le système fonctionne afin de proposer les meilleurs outils. Un vaste chantier !

Et vous vous doutez bien que pour développer ce que l’on a fait en six mois, nous avons effectivement carburé à la caféine, l’équipe tech notamment !

💪 Bosser dans une insurtech, c’est un monde de défis. Le plus gros challenge que tu as eu à affronter dernièrement ? 

Il s’agit de notre levée de fonds. Je ne sais pas si on peut réellement parler du plus gros challenge. Toutefois, c’était le plus décisif. Dans le contexte économique que chacun connaît, avant que notre plateforme soit prête où que nos premiers clients arrivent, nous avons réussi à lever 1,3 million d’euros au total. 

À un an près, nous avons loupé le moment où tous les records ont été battus sur les levées de fonds. Pourtant, je pense que réussir à convaincre des investisseurs frileux et ne pas commencer avec « l’argent magique » nous a aidés à mieux réfléchir notre business model et notre produit.

On a vendu sur une promesse, une mission, et ce n’est vraiment pas évident ! Avec les relais des médias ou encore Linkedin, on voit beaucoup plus les succès des autres, mais pas les échecs. Mais la réalité est que oui, les licornes arrivent à lever des sommes faramineuses, mais que pour la majorité des startups, ça reste un moment de tension.

🧐 Si on parlait de demain. Dans 3 ans, Kenko, ce sera quoi ? Et dans 13 ans ?!

Kenko, dans 3 ans, sera parmi les premiers courtiers d’assurance santé et prévoyance collective en France. Nous fournirons un accompagnement 2.0 aux assurés dans leur parcours de santé et leurs moments de vie difficiles grâce à nos services personnalisée.

Afin de devenir un leader du secteur, nous devons muscler la partie innovation, notamment au niveau des services. Dans l’assurance, il y a toujours des services offerts. Pour autant, la majorité des assurés ne les utilisent pas, souvent par manque de simplicité. Nous avons donc pour objectif de réussir à détecter les moments où les personnes en ont besoin grâce aux données récoltées, et leur pousser des offres pertinentes et facilement activables.

Et j’allais oublier le plus important : dans 3 ans, Kenko sera rentable !

Dans 13 ans, et même avant, Kenko fournira sa solution personnalisée à d’autres courtiers, à des assureurs, des gestionnaire, etc. avec une licence SaaS. Avec nous, le plus grand nombre d’assurés pourront bénéficier d’une assurance et de services santé personnalisés. Quand je parle du plus grand nombre, je prends en compte l’internationalisation !

🌀 Ça bouge beaucoup dans l’assurance. Une info qui t’a interpellée dernièrement ?

Ayant travaillé dans la cybersécurité avant de créer Kenko, je suis particulièrement sensible à l’excellent travail effectué par nos insurtechs françaises dans le secteur. Je pense notamment à Stoïk et Dattak, dont je trouve l’approche particulièrement pertinente. L’assurance cyber doit passer avant tout par une prévention et un monitoring constant des risques.

C’est pourquoi je suis convaincu que la bonne approche consiste à équiper les entreprises assurées avec les bons outils, tout en effectuant des programmes de sensibilisation des salariés, notamment au phishing.

😋 Question bonus (et ça restera entre nous 😜). Raconte-nous une anecdote dont tu n’as jamais osé parler sur les réseaux.

Notre anecdote concerne, je pense, beaucoup d’entrepreneurs. Une semaine avant le lancement des contrats chez nos premiers clients, début janvier, nos plateformes ne fonctionnaient toujours pas encore en production !

On peut le dire, ce fut une période intense et nous n’avons parfois pas vu la lumière du jour. Nous sommes très reconnaissants du travail exceptionnel fourni par notre équipe tech pour que tout se passe bien au moment fatidique. Et tout s’est passé (presque) sans accroc !

Pour moi, c’est inévitable. Quel que soit le produit ou le service, tu te retrouves toujours à avoir du retard sur la date fixée. Il y a trop de variables et d’externalité pour pouvoir tout planifier à 100%. Le plus important est de savoir comment répondre à ces obstacles.

Et je dirais qu’il n’y a pas de secret. C’est même simple : quand tu n’as pas le choix, tu fais ce qu’il faut !

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