"Lola Health, un outil pour redonner du sens dans l'entreprise" - Itw exclusive de Claire Trescartes

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
08 mars 2024 - 9 minutes

Fin 2021, nous découvrions une toute jeune insurtech prête à faire son entrée dans le paysage français : Lola Health. Son projet ? Réinventer la complémentaire santé d’entreprise, afin de la rendre plus inclusive, plus juste… et finalement lui redonner tout simplement du sens, en proposant aux salariés des couvertures adaptées à leurs besoins.

Portée par un trio de choc composé de Claire, Sixtine et Victor, Lola Health a depuis parcouru un sacré chemin. La startup s’est fait un nom dans le paysage français de l’assurance, et convainc par son approche moderne, qui fait la part belle au digital et aux idées innovantes.

Fin 2023, l’équipe a été récompensée de son beau parcours en décrochant le prix du courtier digital attribué dans le cadre des Étoiles du courtage. En tant que partenaire média du concours, nous avons donc eu le plaisir de recevoir Claire Trescartes dans nos locaux.

Au fil d’un entretien au long cours, la CEO nous a notamment révélé d’où vient sa fibre entrepreneuriale, son regard sur l’IA, quelle insurtech elle admire dans l’écosystème et bien évidemment les nouveautés côté Lola Health pour 2024.

Claire, peux-tu avant tout te présenter rapidement à nos lecteurs ?

Bonjour, je suis Claire, 28 ans, CEO de Lola Health. J’ai grandi dans un petit village de Seine-et-Marne, entre la campagne et la banlieue. C’est quelque part un mix du meilleur des deux mondes. Quant à mes études, je suis passée par la Sorbonne, en Master entrepreneuriat, puis HEC, avant de me lancer dans le secteur des startups.

D’où est venue cette appétence pour l’entrepreneuriat ?

C’est un faisceau de plusieurs choses. Cela remonte à mon arrière grand-père. Il a en effet inventé l’amortisseur, on a retrouvé un de ses brevets. Constater que quelqu’un dans ma famille avait créé quelque chose avec une notion de rupture, ça m’a toujours beaucoup plu. Puis, dans ma famille, mon grand-père travaillait dans l’industrie, mon père et mon oncle ont créé des entreprises. J’ai baigné dans l’entrepreneuriat.

De mon côté, j’ai toujours voulu aider les gens. J’ai donc souhaité rassembler ces deux intérêts forts, en me disant que l’un pouvait servir l’autre. Que l’entrepreneuriat pouvait servir à aider les individus, et non pas soutenir un projet purement capitalistique.

Et comment en vient-on à monter une insurtech ?

Ce n’était pas un objectif au départ. Le but initial consistait à pointer un problème social, réel, et identifier la solution adéquate pour l’adresser. Nous avons pensé aux nouvelles problématiques de santé. Et l’assurance est rapidement apparue comme un excellent moyen d’attaquer ce sujet.

L’assurance, c’est quelque chose que les gens consomment… mais mal ! Ils ne comprennent pas forcément. Il y avait l’opportunité de s’appuyer sur quelque chose qui existait déjà, utilisé par les personnes au quotidien, et d’en faire un levier dans notre projet.

Nous avons donc créé Lola Health, le premier courtier qui permet d’auditer et d’analyser les réels besoins des salariés, pour répondre à de nouveaux enjeux de santé.

Si tu avais une minute maximum pour présenter les principaux avantages de Lola Health ?

Comment Lola Health peut aider à redonner du sens au travail ?

J’échangeais récemment avec une amie, et l’une de ses phrases m’a marquée. Elle m’a dit : « mon entreprise ne me permet plus de me réaliser. Ils m’ont abandonnée et je ne me suis pas sentie aidée ». Je pense que ça, c’est très fort, le fait d’espérer se réaliser dans son entreprise.

A l’époque de nos parents, les gens s’épanouissaient et accédaient à un statut social. Ils pouvaient acheter une maison assez facilement, par exemple. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les individus cherchent autre chose, de la sécurité dans l’entreprise, qu’elle n’arrive souvent plus à leur proposer. Cela explique qu’ils se désengagent, que les burnouts se multiplient.

La question est : comment faire pour proposer une politique sociale ayant du sens et qui va faire rester les individus ? Ma conviction est que Lola Health est un premier outil qui va les aider à avancer dans ce sens.

Nous ne prétendons pas répondre à tous les enjeux, mais nous sommes capables d’analyser, de manière très concrète, quels sont les besoins des salariés dans une entreprise donnée. Car chaque entreprise est différente, et chaque salarié a des enjeux particuliers.

Et nous le faisons en rationalisant des coûts incompressibles. Avec le contexte économique et l’inflation, les entreprises sont clairement sous tension. Elles ont aussi besoin de s’y retrouver, car elles paient bien souvent cher pour des couvertures qui ne leur servent à rien, puisqu’elles n’engagent pas leurs salariés. Au final, personne n’est satisfait. Et c’est clairement l’une des forces de Lola Health. Nous avons par exemple fait économiser plus de 15 000 € à une entreprise sur sa prévoyance !

Sur les offres que vous proposez, y a-t-il des propositions qui retiennent un intérêt particulier ?

Quand nous disons à un responsable RH, par exemple, que nous avons séparé le forfait médecine douce de celui accompagnement psychologique, afin que le salarié puisse bénéficier des deux, et d’un suivi sur le long terme, on sent une vraie marque d’intérêt.

En général, les assureurs incluent tout dans le même forfait, obligeant le bénéficiaire à choisir. Le problème, c’est que pour certaines pathologies, on doit à la fois consulter un naturopathe et un psychologue.

Les pathologies féminines bénéficient également d’un travail de fond. Parce que beaucoup de parcours de soins ne sont pas pris en charge, c’est une réalité. Sur la maternité, l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques, entre autres. Donc nous essayons de remettre du sens dans les garanties pour qu’elles correspondent vraiment aux enjeux des salariés dans l’entreprise.

En 2024, quelles sont les nouveautés et innovations chez Lola Health ?

Cette année, la grande nouveauté est que nous avons aussi décidé de passer par des intermédiaires pour distribuer nos offres.

Nous avons fait le constat que les courtiers proposent toujours les mêmes produits aux entreprises, notamment les courtiers de proximité. Nous voloulons donc leur donner la possibilité de distribuer nos offres afin de leur fournir un atout différenciant dans leur étagère de contrats.

Sur la partie technologie, nous avons déjà sorti une app mobile et nous allons continuer à itérer dessus. Mais nous remarquons que l’utilisation d’une application peut être assez complexe. Tout le monde ne va pas tous les jours sur son app d’assurance ou de banque. Et c’est parfaitement normal !

Nous testons donc de nouveau canaux, et notamment WhatsApp business. Il permet d’avoir un lien direct avec l’assuré et de fluidifier l’expérience client. WhatsApp, c’est l’app la plus utilisée et téléchargée. Ma grand-mère utilise WhatsApp ! C’est l’exemple parfait qui montre que c’est un outil digital entré dans les mœurs.

Et je pense que pouvoir avoir son assurance facilement joignable, toujours dans la poche, c’est un vrai plus. En outre, cela nous permet de répondre à l’assuré de manière beaucoup plus rapide qu’avec un service client classique du secteur.

Avant de passer à l’étape chatbot dopé à l’IA générative ?

J’ai un dilemme sur cette question. Parce que nous faisons de l’assurance santé. Et je pense que la santé, c’est un sujet extrêmement humain, sur lequel le digital ne peut se soustraire à l’humain.

Il faut donc réussir à trouver l’équilibre entre d’un côté des outils qui permettent de faciliter une réponse rapide sur des sujets qui ne sont pas très importants, sur lesquels on veut une information simple, et d’un autre des sujets d’importance sur lesquels on a un besoin réel de parler avec quelqu’un.

Je pense que le tout digital, ce n’est pas nécessairement la solution. Si on utilise l’intelligence artificielle demain, je pense que ce sera plutôt pour mieux identifier les nouveaux besoins, les tarifier de manière beaucoup plus fine, plutôt que purement sur la brique service client.

En tant qu’insurtech, comment vous positionnez vous par rapport aux corporates ? Quelles sont vos relations ?

Je suis intimement convaincue que les assureurs font un très bon travail. Imaginer que l’on va tout changer et faire mieux que des acteurs qui sont là depuis des décennies, je ne pense pas que ce soit la bonne approche.

En revanche, se dire que l’on va travailler en bonne intelligence, et s’apporter des bénéfices mutuellement, c’est, je pense, la solution. Nous n’avons pas la volonté d’être une insurtech qui va créer tout, toute seule, de son côté. Bien au contraire, nous voulons créer et évoluer dans un écosystème qui existe. Nous opérons d’ailleurs beaucoup en co-construction avec de grands assureurs qui sont très ouverts à travailler avec nous.

Une autre particularité de Lola Health est que vous êtes « entreprise à mission native ». Pourquoi ce choix ?

L’innovation ultime en santé, quelle serait-elle ?

S’orienter vers les parcours de soins coordonnés demeure très compliqué. Alors, trouver le bon médecin, au bon moment, pouvoir être dirigé vers les bons spécialistes, de manière simple et fluide, ce serait formidable.

La médecine va aller vers la digitalisation des parcours. Où l’IA pourra par exemple permettre de répondre à des questions comme : demain j’ai telle problématique de santé, je ne sais vers qui me tourner, que dois-je faire?

Je trouve qu’il serait ainsi génial d’avoir dans sa poche un assistant santé qui pourrait être cette première porte d’entrée vers le bon parcours de soins. Et si ça peut lutter contre l’errance médicale, tout le monde sera gagnant.

Tout en veillant à ne pas tomber dans de la médecine prédictive, qui en l’occurrence, pourrait être un danger. C’est pour cela qu’il faudra impérativement mettre en place de solides garde-fous.

Parle-nous d’une rencontre marquante dans l’assurance ?

Il y en a plusieurs ! Jai été surprise de constater que lorsque l’on veut créer quelque chose dans l’assurance, beaucoup de monde nous ouvre les bras. Autant des grands assureurs qui ont accepté de porter notre risque, des distributeurs qui veulent travailler avec nous, que des investisseurs ou des gens qui nous ont coachés.

Je pense notamment à Eric Mignot qui nous a énormément aidés au début à comprendre le milieu de l’assurance. Il nous a poussés à aller un peu plus loin avec sa vision innovante, et à prendre nos marques dans ce grand bain de l’assurance.

Y a-t-il une autre insurtech qui t’inspire ?

Je pense à mySofie. Ils répondent à une problématique qui rejoint la nôtre, en expliquant notamment aux individus leur reste à charge, et en les accompagnant afin d’optimiser leur couverture.

Ils répondent à un enjeu humain et social et ça, c’est quelque chose qui me plaît !

Un mot enfin sur les Étoiles du Courtage. Votre avis sur ce concours que vous avez brillamment remporté ?

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